Accueil » Ezzeddine Saïdane: «Comment peut-on s’en sortir lorsque les intérêts de la dette équivalent à 3,5% de taux de croissance? »

Ezzeddine Saïdane: «Comment peut-on s’en sortir lorsque les intérêts de la dette équivalent à 3,5% de taux de croissance? »

Ezzeddine Saïdane: « La paix sociale ne s’achète pas »

Comme à l’accoutumé, l’économiste Ezzeddine Saïdane n’y va pas avec le dos de la cuillère. Une fois de plus, il appelle la crise économique à laquelle notre pays est confronté par son nom: «C’est une crise très grave et nos dirigeants continuent de nier cette vérité… Qu’ils le sachent: on n’achète jamais la paix sociale comme ils le font. La triste réalité les rattrapera toujours…»

Par Marwan Chahla

Invité de ‘‘Midi Show’’ sur Mosaïque FM avant-hier, jeudi 21 novembre 2019, Ezzeddine Saïdane – égal à lui-même et fidèle à son franc-parler qui dérange – donne son énième coup de pied dans la fourmilière: «L’économie tunisienne est malade, dit-il, gravement malade. Elle saigne de partout, ses hémorragies ne se comptent plus et ça n’est pas la très maigre croissance de 1% des neuf premiers mois de cette année qui la sauvera… Alors que la Tunisie aura besoin de 3,5 de points de croissance pour payer seulement les intérêts de sa dette extérieure!»

Ne distribuer que les richesses que le pays est capable de produire

Encore plus direct, l’économiste dénonce les erreurs et les incompétences de ceux qui ont assumé la direction des affaires du pays: «Nous avons été mal inspirés en ayant emprunté les voies que nous avons empruntées. Dès le départ, au lendemain de la révolution, en 2011-2012 [c’est-à-dire, sous les gouvernements de la Troïka menés par Ennahdha, ndlr], nous avons fait de très mauvais choix. Pour dire les choses tout simplement, nous aurions dû garder présentes à l’esprit certaines règles élémentaires de la bonne gestion des affaires d’un pays. Par exemple, le bon sens dicte à un gouvernement de ne distribuer que les richesses que le pays est capable de produire. Economiquement, de toute évidence, ses dépenses ne doivent pas dépasser ce dont il dispose vraiment.»

L’économiste regrette que les b.a-ba de la bonne gouvernance et de la saine gestion aient été ignorés: «Voilà où nous en sommes, aujourd’hui: ces erreurs ont fait que notre économie souffre de plusieurs déséquilibres, parce que nos politiciens ont minimisé les difficultés, les ont même ignorées… Et, résultat des courses, nous sommes au bout du rouleau, avec une crise financière interne et externe aiguë.»

L’ancien régime n’est pour rien dans la crise économique actuelle

Pire, l’économiste déplore que l’on persiste à rejeter la responsabilité sur l’ancien régime: «Non, s’insurge-t-il, qu’on ne vienne pas nous raconter que la crise économique actuelle est un legs de l’ancien régime. C’est faux, totalement faux : en 2010, tous les indicateurs étaient au vert. Et sur tous les plans : que ce soit pour ce qui concerne la croissance, l’endettement extérieur, le déficit de l’Etat, le taux d’inflation… La situation était normale, en 2010. Tout était sous contrôle et respectait les standards internationaux.»

Cela fait craindre le pire, lorsque l’on sait que les Tunisiens – en votant comme ils l’ont fait, aux dernières élections législatives – font une nouvelle fois confiance aux mêmes… Incompétents, irresponsables et, pour certains, solubles dans l’argent de la corruption.

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