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Covid-19 : D’une guerre à l’autre

Décidément, le coronavirus donne du fil à retorde à la communauté scientifique. Et de nouvelles batailles sont à l’horizon entre Américains et Chinois.

Par Pr Faouzi Addad *

La course aux antiviraux se poursuit et s’accélère. Une étude américaine, annoncée il y a quelques jours, semblait mettre en orbite un important espoir thérapeutique, un médicament appelé Remdesivir.

Ce traitement développé par le laboratoire américain Gilead semble réduire le temps de guérison des patients atteint par le Covid-19 et le président Donald Trump a, dans la foulée de cette découverte, demandé à l’Agence américaine du médicament (FDA) de donner rapidement son feu vert pour l’utiliser en milieu hospitalier, hors essais cliniques.

Le Remdesivir : un autre faux espoir ?

Le laboratoire américain nous assure qu’il possède 1,5 millions de doses de ce médicament, qui plus est, affirme-t-il, sera vendu à «un prix abordable». Il était question de 9000 à 12.000 euros! Car, on l’imagine, il faut compter les frais de la recherche médicale dans le prix du médicament.

Tout semblait donc aller pour le mieux pour l’industrie pharmaceutique américaine, soucieuse de trouver une alternative au produit bon marché le plus utilisé dans le monde, l’hydroxychloroquine. Sauf que voilà, une étude chinoise publiée dans la prestigieuse revue du ‘‘Lancet’’ semble dire que le Remdesivir, qui a été utilisé dans 10 hôpitaux sur des patients en état grave de la province d’Hubei (là où la pandémie a commencé), n’apporte aucun bénéfice par rapport à un placebo.

Décidément, le coronavirus donne du fil à retorde à la communauté scientifique. Et de nouvelles batailles sont à l’horizon entre Américains et Chinois. Les Américains diront qu’ils ont inclus plus de 1000 patients dans leurs essais thérapeutiques relatifs à cette molécule (contre seulement 237 pour les Chinois), et les Chinois s’attarderont sur la qualité d’inclusion et de suivi de leurs patients. Qui croire ?

Les théories de Didier Raoult ont la peau dure

D’ailleurs entre le marché des animaux ou le laboratoire de Hubei, personne n’a pu encore trancher sur l’origine du virus. Et il va falloir attendre les résultats de l’étude européenne Discovery sur hydroxychloroquine, qui seront connus, peut-être, après la fin de l’épidémie.

Serions-nous déjà déjà en train de prendre le frais sur une plage ensoleillée, lorsque les Européens nous annoncerons, enfin, la découverte du traitement miracle ?

En attendant, une étude chinoise (rétrospective et non randomisée) vient de montrer, outre que l’hydroxychloroquine diminue la mortalité chez des patients en réanimation, mais surtout qu ce médicament réduit le taux d’interleukine-6 qui est l’une des pistes les plus intéressantes en réanimation.

Décidément, les théories de Didier Raoult, le grand avocat de ce traitement, ont la peau dure.

* Professeur en cardiologie.

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