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Elections américaines : Les Etats-Unis «se tiersmondisent»

Après le spectacle déprimant qu’ils donnent depuis la fermeture des bureaux de vote pour la dernière présidentielle, hier, mardi 3 novembre 2020, les Etats-Unis sont en train de rejoindre le club très ouvert des démocraties du tiers-monde.

Par Mohsen Redissi *

Les Etats-Unis d’Amérique et les Etats-Unis d’Afrique, une idée chère à feu Mouammar Kadhafi, sont libres et égaux devant… les urnes.

Il n’est pas rare de devoir attendre dans la plupart des Etats africains trois ou quatre jours pour la proclamation finale des résultats des élections, le plus souvent entachées de fraude. Ce phénomène devient fréquent même dans l’un des berceaux de la démocratie représentative, les Etats-Unis.

Le jour le plus long

Pendant les quelques heures suivant la fermeture des bureaux de vote deviennent une éternité. Les candidats ponctuent leur apparition dans les médias, félicitent leur électorat, s’autoproclament vainqueurs et attaquent le camp adverse en l’accusant de malversation, en attendant les derniers résultats.

L’appel du candidat Joe Biden pour un vote anticipé, coronavirus oblige, massivement suivi puisque aux alentours de 70 millions d’Américains ont voté avant le 3 novembre, semble devenir un véritable handicap. Les Etats sont libres, pas égaux. Dans certains le décompte des bulletins se fait bien avant le jour du scrutin, dans d’autres le décompte se fait le jour du vote causant un malaise dans le pays tout entier. Les contestations et les accusations pleuvent de toute part, manœuvre bien rodée chez les pays d’Afrique, mais aux Etats-Unis, ces accusations peuvent aller jusqu’à des poursuites devant la Cour suprême, la plus haute instance du pays. Ses décisions sont irrévocables.

Qui est le plus fiable, l’homme ou la machine ?

Le processus électoral américain ces dernières années semble être frappé de lenteur. Un paradoxe. Dans un pays des plus avancés en matière de technologies et de télécommunications se retrouve obligé de recourir aux vieilles méthodes héritées des siècles derniers, c’est-à-dire au comptage manuel. La machine semble s’enrayer car l’enjeu des élections dépasse le cadre des frontières américaines.

L’homme qu’on accuse d’être dernière tous les maux est-il plus fiable que la machine ? Question qui taraude un monde resté en suspens.

Aux Etats-Unis, je leur souhaite la bienvenue dans le club très ouvert des pays du tiers- monde, terme qui fait encore grincer les dents.

* Fonctionnaire international à la retraite.

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