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«Rabbi yostor» n’est pas un remède miracle contre le coronavirus

«L’ignorance, c’est la mort ; le savoir, c’est la vie», dit-on et cette citation s’applique à la situation pandémique actuelle en Tunisie. Car à mesure que le virus Covid-19 se propage, nous vivons un climat anxiogène et nous n’avons plus aucun contrôle sur sur nos vies.

Par Dalel Jemni *

La peur au ventre, certains d’entre nous, une minorité sur notre territoire, restent cloîtrés enfermés et respectent les consignes.

Puis il y a la majorité, ceux qui ont basculé dans le déni, une façon d’être inconsciente qui se met en place et qui nous anéantit tous!

C’est ce qui fait que nous assistons à ces phénomènes de personnes vivant comme si cette pandémie n’a jamais existé. Ces personnes sont dans l’action donc ont l’impression d’être actives face à l’impuissance. Certains de nos compatriotes ont l’impression d’être des «super héros».

L’inconscience conjuguée à l’ignorance devient un crime

Cette attitude consiste à nier l’évidence. Le déni permet de refuser la perception de la réalité! Toutefois, notre situation est plus que catastrophique! Nous allons de confinement en re-confinement pour échapper aux variants du coronavirus, de plus en plus incontrôlables, sans que quiconque sache vraiment jusqu’à quand ça va durer! Notre traversée sera longue et des êtres humains perdent la vie journellement. Ils sont en train de tomber comme des mouches!

En traversant l’île de Djerba aujourd’hui, j’ai eu l’impression de vivre avec des extra-terrestres qui n’ont aucune connaissance de notre situation sanitaire! Tout va bien! Ils chantent dansent et font la fête comme si de rien n’était. Les fêtards sont partout! Dans les rues, places publiques, plages, hôtels sans aucune impunité!

Ce gouvernement et ces organisateurs d’événements sportifs ont failli gravement à leur devoir en matière de respect des droits humains, ce qui pourrait avoir des conséquences désastreuses et donner lieu à de nouveaux décès. En attendant, des millions de Tunisiens  devront s’en remettre à un «Rabbi yostor» (Dieu nous protège), «remède miracle» contre la Covid-19.

Les autorités complètement absentes et invisibles ne se soucient guère de notre situation sanitaire! Les policiers traversent la ville sirènes actionnées, pour contrôler la foule et non pour veiller à ce que la loi soit respectée!

Nous devons tous dénoncer la constante dégradation de notre situation et de notre quotidien. Aujourd’hui, pour un rendez-vous football, les autorités veulent sacrifier toute une population.

Les rassemblements sont des bombes à retardement

Des rassemblements à ne plus en finir, des festivités malgré notre situation catastrophique et désastreuse.

Ces rassemblements de supporteurs désespérés se tiennent dans un pays géré par des perfides, ces jeunes supporteurs perdus, 0cherchent la moindre occasion pour exister et se défouler. Comme dans notre pays, il n’y a que le football qui rassemble ces malheureux, cette foule par milliers est une bombe à retardement, un cluster qui ne dit pas son nom, car une seule personne suffit à en infecter des dizaines d’autres. Un peuple inconscient et des autorités complices. Ils doivent tous être traduits en justice!

Nous en avons marre de subir cette ignorance et ce laisser-aller. Notre patrie est à la dérive, des responsables sportifs criminels organisent ces rassemblements en connaissance de cause et des politiques complices laissent faire alors que des régions entières agonisent!

De nos jours et depuis la gabegie de 2011, nous assistons hagards à la danse de mort! Désormais, jouer avec la mort est un nouveau concept inventé par des Tunisiens vivant dans le déni total et des politiques irresponsables qui nous assiègent.

Cette situation, insupportable et dangereuse, est la plus critique que nous ayons connue. Elle révèle de très graves dysfonctionnements dans la gestion de notre pays depuis plusieurs années et un comportement irresponsable des politiques et citoyens que nous sommes.

Les élus, les citoyens qui doivent se sentir concernés, sont relégués au rôle d’observateurs. Malheureusement, on s’habitue à ce qui ne doit pas être habituel. Face à un constat aussi déplorable, désastreux et calamiteux, chacun d’entre nous doit se sentir responsable et concerné par cette descente vertigineuse aux enfers!

Les principales raisons de cette cacophonie dans nos villes est l’irresponsabilité des autorités, l’incivilité récurrente des citoyens qui traduit finalement une absence d’intérêt partagé pour ce bien collectif qu’est notre patrie.

Quand les Tunisiens comprendront-ils que notre pays est engagé dans une descente aux enfers? Quand comprendront-ils que notre pays est  paralysé par une crise politique dont il ne voit pas d’issue? Quand comprendrons-nous que bientôt, nous serons des réfugiés et serons éparpillés?

Il est vraiment, attristant de voir que ce manque de civisme surtout au lendemain des situations pandémiques désastreuses, ne déclenche pas chez nos concitoyens de réaction d’acteurs responsables! 

Certes, actuellement nous sommes au bout du tunnel, mais ne pouvons-nous prendre exceptionnellement en charge la toute petite partie de notre vie qui constitue notre famille, notre  entourage?

Les incivilités sont un révélateur du lien social. Nous devons combattre cette culture d’incivilité ancrée en nous et penser à toutes les personnes que nous pourrons contaminer et tuer par notre inconscience et notre ignorance. Et, comme on dit, «il n’est rien de plus effrayant que de voir agir l’ignorance.»

*Retraitée, ancienne cadre de la Mutuelle générale de Paris.

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