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Covid-19 : Et pour quelques années de plus…

Alors qu’on observe une légère accalmie sur le front de la Covid-19, en Tunisie, la campagne de vaccination contre le méchant virus s’intensifie avec l’organisation, ce dimanche 8 août 2021, de la Journée portes ouvertes pour la vaccination contre le coronavirus, ciblant les citoyens de plus de 40 ans, y compris les migrants, qui sont invités à se rendre dans l’un des centres de vaccination dédiés. Ce sera la première journée d’une série qui devra aider à atteindre un taux satisfaisant de personnes vaccinées et rattraper ainsi le retard enregistré dans ce domaine.

Par Helal Jelali *

Arès la lecture des publications des agences de santé des pays du nord, la presse européenne et américaine ainsi que les revues spécialisées, on constate que la planète bleue s’est lancée dans une cohabitation durable avec la Covid-19.

L’humanité était soulagée, il y a un peu plus d’une année, par la découverte et la commercialisation de plusieurs vaccins… Nombreux sont ceux qui étaient convaincus que la Covid-19 serait une pathologie ponctuelle et que les vaccins allaient la terrasser définitivement.

Le «doute méthodique» nous rattrape

Heureusement que les scientifiques doutent pour avancer dans leurs travaux. Et pour leur grande majorité, cette nouvelle maladie ne disparaîtra pas du jour au lendemain. 

La prestigieuse revue Nature – reprise par le site de la BBC – a demandé à 100 immunologistes, virologues et experts si ce coronavirus pouvait être éradiqué. Près de 90% avait répondu non. Selon eux, il pourrait devenir endémique, avec une présence habituelle dans des régions déterminées.

Même son de cloche à l’OMS. L’un de ses experts, le Pr David Heyman, avertit : «Il va falloir apprendre à vivre avec». «Le destin de ce virus est de devenir endémique» ajoute-t-il.

Roy Anderson, épidémiologiste à l’Imperial College de Londres, repris par le site de National Geographic a déclaré dernièrement : «Nous allons le gérer avec les vaccins, mais ce n’est pas quelque chose qui finira par s’en aller».

Dans son édition du 29 juillet dernier, Le Monde a révélé qu’une étude vient de confirmer que les personnes vaccinées peuvent contaminer, si par hasard, elles ont le Covid-19 à nouveau…

Invité de la chaîne de télévision BFM , Jean-François Delfraissy, président du Conseil scientifique français a préféré alerter son gouvernement et l’opinion publique : «Je pense qu’on va avoir un nouveau variant et qu’on entré dans quelques choses en longueur.»

Seule lueur d’espoir à la lecture des dernières recherches médicales, l’immunité collective par les vaccins et les contaminations rendrait le Covid-19 moins dangereux et cesserait de créer «un chaos métabolique» mortel. Que faire ? Mettre fin au conformisme économique et au conservatisme administratif.

Maintenir le secteur de la santé publique à un niveau performant

Confucius disait : «Rien n’est jamais sans conséquence. En conséquence, rien n’est jamais gratuit» . Les conséquences économiques et sociales seraient, indéniablement, difficiles à affronter pour tous les États et surtout ceux dont l’économie est fragile.

Après 40 ans de néo-libéralisme, il est nécessaire que l’Etat reprenne son rôle dans la régulation sociale pour maintenir le secteur de la santé publique à un niveau performant. L’hôpital n’est ni une entreprise, ni une administration, c’est un lieu de soins et médication, où le corps médical devrait gouverner et non pas les énarques.

On ne peut continuer à mentir aux citoyens, dans les pays riches, comme dans les pays à revenu intermédiaire, comme la Tunisie, le secteur de la santé publique a été négligé ces dernières décennies, au profit des cliniques privées. La concentration hospitalière et la disparition des petits dispensaires a été une calamité et a créé des «déserts médicaux». Reste aussi aux hôpitaux d’actualiser leurs services avec l’évolution fulgurante de la nouvelle médecine dans les domaines de la génétique, de la biologie moléculaire et des bio-technologies, pour ne être dépassés par les cliniques privées. Ainsi, nous éviteront une médecine à deux vitesses. La démocratie sanitaire devrait devenir un bien commun à tous.

Des réformes fiscales et l’encouragement du mécénat seront utiles pour faire face aux nouvelles charges financières des États et leur permettre d’affronter un avenir incertain. L’ idée d’un impôt exceptionnel pourrait être la solution pour une période transitoire.

La réponse à cette nouvelle donne ne peut-être qu’internationale. La solidarité devrait devenir le maître mot face à cette pandémie, sinon elle emportera politiquement ceux qui voudraient l’instrumentaliser par les stratégies nationalistes ou électoralistes à court terme. 

Dans un proche avenir, le combat le plus difficile pour les politiques et les décideurs sera celui contre le conformisme économique et le conservatisme administratif. Dans ces circonstances, le financement massif de la recherche deviendrait une nécessité et une priorité indiscutable.

Un seul chef d’État a commencé par donner un coup de pied dans la fourmilière, c’est le président américain Joe Biden: «Je veux changer de paradigme», a-t-il lancé lors de sa première conférence de presse, en évoquant son programme économique et social, en rupture totale avec les 40 ans de néo-libéralisme effréné.

L’histoire des épidémies est en riche en enseignements. Elle a emporté même des empires. La peste de Justinien a anéanti Byzance et a ouvert les portes grandes ouvertes de la Méditerranée aux conquêtes arabes.

Espérons que l’émergence des scientifiques dans les médias et l’espace public en général brisera certains dogmatismes dans la gouvernance de nombreux États.

Dans une guerre on ne regarde pas à la dépense et on ne mégote pas, on juge que le résultat de la bataille. 

* Ancien journaliste tunisien basé à Paris.

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