En mettant sur pied son projet de dialogue national dont il a dévoilé les contours ce vendredi 22 octobre 2021, Kaïs Saïed favorise la démocratie délibérative, du moins à court terme. A moyen et à long terme, la démocratie délibérative et la démocratie représentative doivent être complémentaires.
Par Chedly Mamoghli *
Il est clair que depuis au moins une décennie, la démocratie représentative connaît une crise sans précédent de par le monde qui s’est traduite principalement par des taux d’abstention records et par la crise de confiance que vivent les partis politiques traditionnels (des partis politiques de gouvernement bien ancrés dans des démocraties établies ont été laminés dans leurs pays).
La Tunisie ne fait pas figure d’exception et n’échappe pas au phénomène, nous l’avons vécu lors des élections de 2019 avec la victoire de Kaïs Saïed qui a pris tout le monde de court et lors des législatives avec un taux de participation extrêmement faible et dont l’issue du scrutin a donné une assemblée balkanisée incapable d’accoucher d’une majorité forte, stable et homogène et ainsi rendant le pays ingouvernable. Ceux qui n’ont pas retenu la leçon de 2019 qui a été la première vague de dégagisme (via les urnes) par condescendance et arrogance ont subi de plein fouet la lame de fond du 25 juillet 2021.
Les autoproclamés prophètes de la démocratie contre Kais Saied
Le débat national dont Kaïs Saïed a dévoilé les contours vendredi est une bonne chose car la démocratie délibérative ne peut faire que du bien à la population en lui permettant de s’exprimer, de proposer et de libérer les frustrations accumulées cependant et à mon humble avis, elle ne peut pas se substituer à la démocratie représentative. Elles sont plutôt complémentaires et compatibles. C’est ce qui doit être fait.
Ceux qui s’autoproclament prophètes de la démocratie et qui accusent Saïed d’en être l’ennemi sont à côté de la plaque. Un ennemi de la démocratie ne donne pas la parole au peuple et craint la démocratie délibérative. De plus, pour qu’il y ait véritablement une démocratie (une vraie et non pas une escroquerie comme celle de la décennie écoulée), il faut assainir le pays et le libérer de sa maladie chronique la corruption endémique et en même temps, se lancer dans une démocratie délibérative qui complète la démocratie représentative.
Ce que les partenaires de la Tunisie doivent comprendre
C’est cela que Kaïs Saïed doit entreprendre et doit expliquer aux partenaires étatiques et institutionnels de la Tunisie pour qu’ils comprennent qu’il n’est pas contre la démocratie mais qu’il balise le terrain pour une vraie démocratie dont la démocratie délibérative est un axe important et ainsi il cassera la manipulation avec laquelle les Frères Musulmans, les crypto-islamistes et la cinquième colonne intoxiquent nos partenaires.
* Juriste.
Article du même auteur dans Kapitalis :
Donald Blome, un Américain qui comprend la Tunisie
Donnez votre avis