Dans le cadre du Tunisia Cybersecurity and Cloud Expo (TCCE), le premier événement B to B organisé par Express FM, Tunisie Télécom (TT) a organisé un workshop intitulé «La digitalisation des PME», animé par la directrice centrale des marchés destinés aux entreprises chez l’opérateur de télécommunications historique en Tunisie, Jihen Hedhili Bouzaiene.
Par Cherif Ben Younès
Mme Bouzaiene a, d’abord, clarifié les tendances qui transforment et qui continueront à transformer l’économie de demain et le développement des entreprises…
Dans ce contexte, elle a d’abord cité celle de la sécurité et de la santé, et à cet effet, la Covid-19 a joué un rôle primordial et a été, selon elle, un facteur déterminent et accélérateur de la 2e tendance, à savoir la digitalisation.
«Tout le monde a plus ou moins constaté que ceux qui avaient entamé le parcours de digitalisation [au début de la crise sanitaire] ont été capables de l’accélérer, et inversement…», a-t-elle développé.
La Covid-19 a accéléré la digitalisation des entreprises
La conférencière a, dans le même contexte, estimé que ceux qui n’ont pas entamé le parcours de digitalisation assez tôt, n’ont pas réussi à être à temps pour se doter du strict minimum des bienfaits de la digitalisation, en termes de fonctionnement interne, de solutions de collaboration, de gestion de la clientèle à distance, etc.
La conséquence a été néfaste pour ces derniers : «beaucoup de répercussions négatives sur le business, le positionnement et la part de marché».
Cela a été également le cas en Tunisie, assure Mme Bouzaiene, où «nous avons bien constaté les résultats de l’agilité dont ont fait preuve beaucoup d’entreprises pour s’adapter».
En ce qui concerne Tunisie Télécom, la question de la digitalisation n’est jamais abordée «pour vendre», a, par ailleurs, affirmé la responsable, précisant que les vrais enjeux de ce processus s’articulent autour de 3 piliers.
D’abord, il y a l’axe client dont le parcours est «irréversiblement impacté» par le digital.
«Quarante pour cent seulement des dirigeants des petites et moyennes entreprises (PME) utilisent des données pour la personnalisation. Les autres perçoivent les clients comme un corps unique ou partent sur des hypothèses de segmentation», détaille, non sans regret, la directrice centrale des marchés destinés aux entreprises chez TT.
«Chez Tunisie Télécom, la question de la digitalisation n’est jamais abordée « pour vendre« »
Pourtant, poursuit-elle, la collecte des données du feed-back client est accessible et peut se faire en temps réel.
Et d’ajouter que pour le client, sa requête ou sa réclamation (même lorsqu’elle est exprimée sur les réseaux) devrait être prise en charge et traitée ou considérée en temps réel. Selon elle, l’instantané est, en effet, la nouvelle référence de plusieurs clients de notre époque, compte tenu des progrès technologiques qu’ils vivent.
Le deuxième pilier évoqué par Mme Bouzaiene est l’organisation : «Quand on parle de la digitalisation de l’organisation, le travail commence de la refonte entière du process qui doit être revu avec une orientation client. En outre, on ne peut pas digitaliser un process ou même une méthode de travail qui est caduque.»
La responsable a, par ailleurs, indiqué que 61% des dirigeants favorisent peu le travail en mode projet. «La digitalisation en interne est un projet de transformation par excellence. Cela ne s’impose pas.», a-t-elle ajouté.
Jihen Hedhili Bouzaiene a, d’autre part, expliqué que les dirigeants des PME tunisiennes ne sont pas encore suffisamment convaincus par l’importance de la digitalisation, notamment par crainte, et qu’ils avancent de faux-arguments du genre «il est encore tôt pour ce type de changements» ou «la priorité doit être la part de marché». Or, il se trouve que la part de marché de l’entreprise en question souffre de la concurrence d’autres sociétés qui sont allées vers la digitalisation.
«Aujourd’hui, le client veut que ses réclamations soient prises en compte en temps réel»
Par ailleurs, l’une des principales sources d’échec des projets de transformation digitale est la négligence du facteur humain. C’est la raison pour laquelle, il faut sensibiliser davantage les gestionnaires au sein des entreprises à l’importance d’accorder plus d’attention et d’importance à cet aspect, dans le cadre du processus de la digitalisation.
Le troisième pilier est celui des partenaires : «44% des dirigeants n’associent pas ou associent très peu leurs fournisseurs à la conception» de la digitalisation. Les partenaires sont, en effet, souvent oubliés lorsqu’on conçoit le plan de la digitalisation et leurs avis n’est même pas pris en compte.
Jihène Bouzaïène a, sur un autre plan, réfuté quelques idées reçues en rapport avec la digitalisation. Celle-ci n’est pas une solution qu’on peut mettre en application par une simple décision administrative, a-t-elle insisté. Il s’agit plutôt d’une démarche continue, transformant toute l’entreprise, ses habitudes de travail, la façon de penser de ses managers, etc., jusqu’à ce que la culture digitale soit bien ancrée chez tous les employés et employeurs de la firme.
Donnez votre avis