Bourse de Tunis : une hausse pour une baisse

Sous le titre «2022, une année déprimante pour la Bourse de Tunis», Economics for Tunisia (E4T), blog de l’économiste Moktar Lamari, souligne que la légère augmentation nominale de la capitalisation boursière en 2022 (3,3%) reste en-deçà des attentes et prévisions.

En effet, et, «tenant compte de l’inflation, la hausse affichée est plutôt une baisse en terme réelle négative de – 5%», souligne la note.

Outre le ralentissement économique, cette érosion de la confiance et de l’attractivité des actifs tunisiens, sont expliquées par «la politique monétaire très restrictive, l’humeur globale pas très favorable à la capitalisation boursière» sur la place de Tunis, alors que «les affaires roulent mieux ailleurs, en Europe, ou encore dans les marchés informels omniprésents en Tunisie.»

Alors que les sociétés financières dominent toujours la capitalisation boursière avec une part de 51,3%, suivies des biens de consommation avec 28,8%, le secteur industriel avec 8,3% «recule dramatiquement pour plusieurs années de suite.»

Commentant la domination du marché boursier par les sociétés financières, Economics for Tunisia note : «Les banques tunisiennes continuent à engranger d’importants bénéfices, alors que la croissance de l’économie du pays reste très faible, à peine supérieure au taux de croissance démographique. Elles sont aidées en cela par la Banque centrale qui a augmenté quatre fois son taux directeur, et par une pression gouvernementale, contractant auprès de ces banques des prêts sans risque, libellés en devises et bien rémunérés. L’épargne locale est ainsi détournée pour l’Etat, et pour payer les salaires des fonctionnaires. Les investisseurs n’aiment pas ce contexte très politisé.»

Conclusion : si l’activité boursière a terminé nominalement l’année dans la zone verte, elle a réellement terminé dans la zone rouge. En effet, avec un dinar tunisien qui continue sa dépréciation face au dollar, et une inflation dépassant désormais les 10%, en dinars constats, l’évolution réelle de la capitalisation boursière serait négative de l’ordre de -5%.

I. B.

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