Tunisie : où en est l’accord de prêt avec le FMI ?

La Banque centrale de Tunisie (BCT) s’inquiète des répercussions de la dégradation de notation souveraine de la Tunisie par Moody’s à Caa2 sur les capacités du pays à mobiliser les financements extérieurs dont il a vivement besoin.

Le directoire de la BCT, réuni mercredi 1er février 2023, a exhorté le gouvernement réaliser les conditions préalables à la conclusion du nouveau programme avec le Fonds monétaire international (FMI) et à accélérer la mise en œuvre des réformes nécessaires pour corriger les déséquilibres budgétaires et extérieurs.

Se référant à la récente décision de l’agence de notation internationale Moody’s d’abaisser d’un cran la note souveraine du pays de Caa1 à Caa2 avec perspective négative, le directoire de la BCT a rappelé que cette décision a été prise par Moody’s à cause du manque de financement global, à ce jour, pour répondre aux besoins importants du gouvernement, notamment en termes de ressources extérieures.

Moody’s a, par la même occasion, abaissé les notations de la dette senior non garantie de la BCT de Caa1 à Caa2 avec perspective négative. Et quatre jours plus tard, l’agence a abaissé la notation de quatre banques tunisiennes.

Le conseil d’administration a discuté des répercussions probables de cette dégradation de la note souveraine sur la situation financière et économique en général, notamment au regard de l’impact potentiel négatif sur le déroulement normal des opérations de commerce extérieur initiées par les banques tunisiennes, lié, plus particulièrement, à importations de produits de base, a indiqué la BCT.

Pour rappel, la directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, lors de sa rencontre avec la Première ministre Najla Bouden, le 17 janvier dernier, en marge du Forum économique mondial de Davos, s’est dite consciente des difficultés rencontrées par la Tunisie, résultant à la fois de l’impact de la pandémie de Covid-19 et de la guerre en Ukraine, tout en saluant la «grande résilience» du pays face à d’aussi grands défis ainsi que le souci dont fait preuve le gouvernement tunisien de tenir compte de la situation interne actuelle et de la nécessité d’assurer la paix sociale lors de la mise en œuvre des réformes convenues dans le cadre de l’accord avec le FMI pour un nouveau prêt de 1,9 milliards de dollars.

Ces réformes, rappelons-le, concernent la réduction progressive des subventions aux produits de base, la maîtrise de la masse salariale dans la fonction publique et la cession partielle ou totale des entreprises publiques en difficulté opérant dans les secteurs concurrentiels, réformes auxquelles s’oppose l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) et que le gouvernement tarde à mettre en œuvre.  

Dans ce contexte, le report sine die par le conseil d’administration du FMI de l’examen de la demande de la Tunisie au titre du Mécanisme élargi de crédit, initialement prévue pour le 19 décembre 2022, suscite des interrogations sur les réelles dispositions de l’instance financière internationale à l’égard de la Tunisie, qui ne parvient pas à mobiliser des aides financières bilatérales et multilatérales, et sur la capacité de la Tunisie à mettre en œuvre le programme de réformes présenté, dans un contexte de crise politique larvée.

I. B.

Donnez votre avis

Votre adresse email ne sera pas publique.