L’Espérance de Tunis : fin de cycle ou nouveau départ ?  

L’Espérance de Tunis s’est fait étriller par Al-Ahly du Caire, hier soir, vendredi 12 mai 2023, en match-aller des demi-finales de la Ligue des champions d’Afrique, par le score, humiliant à domicile, de 0-3. Plus qu’une déroute, l’annonce d’une fin de cycle qui requiert une remise en question, sinon une remise à plat. (Ph. Iconsport).

Par Imed Bahri

Hier soir, les Sang et Or ont sorti le plus mauvais match de l’histoire de leur engagement dans la compétition continentale. Encore heureux qu’ils n’ont pas encaissé 3 autres buts, tant les occasions étaient nombreuses pour les Ahlaouis qui n’ont jamais autant bénéficié de boulevards dans le camp espérantiste et de buts tout faits qu’ils ont lamentablement ratés. Ce sont eux, finalement, qui ont eu le plus de regret à avoir à la fin du match. Et pour cause, ils ont raté une occasion en or de réaliser un score historique au stade de Radès.

On peut chercher des explications à la déroute espérantiste, du reste prévisible, eu égard les circonstances défavorables dans lesquelles ils ont entamé la rencontre.

Trop de contretemps

D’abord, ils jouaient sous la pluie et devant des gradins vides, suite au huis-clos décrété par la CAF pour punir les supporters Sang et Or, jadis point fort de l’équipe mais qui sont en passe de devenir leur talon d’Achille, sinon leurs premiers adversaires, en raison des désordres et des violences qu’ils provoquent sur les gradins et dans les alentours du stade.

Ensuite, l’Espérance a joué en étant privée de la plupart de ses pièces maîtresses notamment l’attaquant Hamdi El-Houni, le milieu Ghailen Chaalali et le gardien Moez Ben Cherifia, pour ne citer que ceux-là, dont on se rend compte aujourd’hui qu’ils n’ont pas vraiment de doublures à leur hauteur. Le fait que l’équipe a encaissé 3 buts, évité au moins 3 autres, sans vraiment bénéficier d’aucune occasion de but digne de ce nom pendant 95 minutes de jeu en dit long sur les «munitions» dont disposent réellement les enfants de Bab Souika. Ils avaient du mal à sortir la balle de leur camp, à assurer la transition au milieu et à construire devant le but adverse, et ce n’est pas par un jeu stéréotypé qu’ils pouvaient surprendre leurs adversaires de la soirée et encore moins aller plus loin dans la compétition.

Sur un autre plan, l’Espérance sortait de deux défaites en championnat national devant le Club africain et le Club sfaxien et d’un match nul en Champions League face à la JS Kabylie à Radès, soit trois matches sans victoire et un classement inhabituel en championnat national, à 7 points du premier du classement, l’Etoile du Sahel.

Certains analystes ont accusé la Fédération tunisienne de football (FTF) d’être derrière la déroute espérantiste pour n’avoir pas ménagé l’unique club tunisien engagé cette année dans la compétition phare africaine, en lui imposant un calendrier d’enfer avec un marathon de matches, dont beaucoup joués en plein ramadan qui plus est à 13h30, alors qu’il aurait été plus raisonnable de faire jouer l’équipe en nocturne, le stade de Radès étant équipé pour cela.

Les dirigeants de la FTF ont-ils cherché par de telles décisions à défavoriser les Sang et Or et à les empêcher d’aligner un énième titre d’affilée ? Beaucoup d’Espérantistes le pensent sincèrement et en veulent à Wadie Jary qui, comme on le sait, est un grand manœuvrier qui ne manque pas de tours dans sa poche.

Tirer les leçons

Mais tout cela ne saurait justifier les mauvais choix des dirigeants espérantistes ni leur mauvaise gestion sportive et technique de l’équipe : ils ont laissé partir certains des cadres de l’équipe, comme Abdelkader Badrane et Elyes Chetti, recruté des joueurs très moyens qui ont eu du mal à les remplacer et, surtout, dormi sur leurs lauriers, croyant pouvoir continuer à survoler la compétition nationale avec une équipe tout juste moyenne et qui, depuis quelque temps, est devenue carrément médiocre, car incapable de construire et de marquer.

Pour le moment, l’Espérance va devoir aller au Caire pour limiter les dégâts. Le mot d’ordre n’est plus de se qualifier à tout prix à une finale qui lui échappe depuis trois ans, mais d’éviter une nouvelle humiliation, en espérant que Nabil Maaloul saura cette fois barricader toutes les issues devant la cage espérantiste. Elle pourra ensuite mettre les munitions qui lui reste pour remporter la Coupe de Tunisie face à l’Olympique de Béja, laquelle l’avait battue il y a deux semaines par 2 but à 0, et jouer pour la deuxième place au championnat (car on voit mal l’Etoile laisser filer sa chance cette saison), en espérant jouer la Ligue des Champions la saison prochaine.

Mais l’essentiel reste à faire, à savoir reconstituer toute l’équipe sur une nouvelle base, par le recrutement d’un bon entraîneur et de bons joueurs capables de redorer le blason de l’équipe; et revoir les méthodes de gestion, en dotant l’équipe d’un bon directeur technique et de bons entraîneurs pour les équipes des jeunes, de manière à enrichir la pépinière et former de nouveaux Mohamed Ali Ben Romdhdane et Ghailen Chaalali.

A moins que la direction conduite par Hamdi Meddeb n’opte pour un projet à moyen terme pour former un groupe solide qui tiendrait tout un nouveau cycle et viserait sérieusement une ou deux Champions League. Les jeunes lancés lors du match contre Al-Ahly, encadrés par les cadors Ghaalali et Ben Romdhane, pourraient en constituer le premier noyau. Dans ce cas, il faudrait faire patienter les supporters. Et c’est là une autre affaire.

Donnez votre avis

Votre adresse email ne sera pas publique.