Les maîtres mots de la rencontre du gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT), Fethi Zouhair Nouri, avec les hauts responsables des banques, ont été la résilience, la confiance et l’effort constant pour impulser l’entrepreneuriat, encourager l’investissement et relancer une économie tunisienne en berne depuis 2011 et qui tarde à retrouver le chemin de la croissance.
Par Imed Bahri
Lors de cette rencontre, tenue vendredi 1er mars 2024, M. Nouri, a affirmé l’engagement de l’institut d’émission à poursuivre le processus de réforme du secteur bancaire et l’approche progressive et concertée avec la profession pour sa mise en œuvre, afin d’assurer les conditions de stabilité financière et de financement adéquat de l’économie tunisienne.
Nouri a aussi salué les réformes entreprises ces dernières années par le secteur bancaire et l’engagement des banques dans toutes ces réformes, qui ont contribué à consolider la solidité financière et la résilience du marché monétaire face aux chocs.
Temps difficiles
Il a également exhorté le Conseil bancaire et financier (CBF) à remplir pleinement sa mission, qui est de «rallier tous ses membres autour des orientations des autorités et d’être une véritable force de propositions».
L’économie tunisienne est confrontée à des défis majeurs, mais il y a aussi des opportunités à saisir, a-t-il indiqué, appelant les banques à redoubler d’efforts pour apporter leur contribution à la relance économique.
Nouri a, par ailleurs, souligné qu’«il est de notre devoir d’envisager les voies possibles pour restaurer la confiance de tous les acteurs économiques, encourager l’entrepreneuriat et soutenir les PME en ces temps difficiles pour assurer leur viabilité».
De leur côté, les hauts dirigeants des banques ont réaffirmé leur disposition à soutenir l’économie en cette période particulière, réitérant leur engagement à respecter les directives des autorités, à favoriser l’entrepreneuriat et l’investissement, et à faire preuve de solidarité face aux différents défis auxquels est confrontée l’économie tunisienne.
Etat dépensier
En insistant, de son côté, sur la nécessité d’améliorer les perspectives de financement de l’économie, M. Nouri a voulu mettre le doigt sur le principal handicap qui empêche la reprise économique dans notre pays, mais il n’explique pas ce qu’il compte faire à son niveau pour que la politique monétaire ne soit pas détournée par un Etat dépensier et qui ne cesse de s’accaparer l’essentiel des liquidités disponibles sur le marché monétaire pour financer ses besoins budgétaires au mépris de ceux du marché, tout aussi pressants.
Dans cette contexte de forte étatisation de l’économie, ce ne sont pas les banques qui détiennent la clé de la relance économique, mais l’Etat dont les politiques monopolistiques – et c’est le cas de le dire – sont inadaptées et empêchent l’économie de retrouver l’air et de respirer à nouveau.
C’est à ce niveau là que l’on attend M. Nouri, au moment où la croissance piétine, ne dépassant guère 0,4% en 2023, où le taux d’intérêt directeur plafonne à près de 8% et décourage l’investissement, tombé à 16% du PIB en 2023 contre 24% en 2010, or, c’est le seul moyen pour créer des richesses et relancer l’économie. Et en bon économiste, M. Nouri le sait mieux que nous.
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