Sur les hauteurs du mont Semmama, dans le gouvernorat de Kasserine, au centre-ouest de la Tunisie, se déroulera du 9 au 13 avril un festival original, célébrant la culture des bergers nomades dans l’une des régions les plus marginalisées du pays.
Le mont Semmama était, il y a quelques années encore, un repaire de terroristes qui faisaient régner la terreur parmi les habitants de ces régions montagneuses du centre-ouest de la Tunisie. C’est devenu aujourd’hui, un espace de paix, de convivialité et de créativité. Grâce notamment au poète et activiste culturel Adnan Helali, qui a fondé ici en 2018, avec l’aide internationale, un centre culturel dédié aux enfants et aux jeunes comme lieu de rencontre pour les artistes et les artisans.
Parmi les protagonistes de cette 13e édition de la Fête des Bergers à Semmama, il y aura également une délégation des Abruzzes (Italie) composée d’artistes, d’artisans et de musiciens.
Ensemble, ils porteront le cœur des Apennins au cœur du Maghreb, dans une rencontre symbolique entre des mondes pastoraux qui – bien qu’éloignés – partagent des défis communs : le dépeuplement, l’abandon des hauts plateaux, la difficulté de transmettre des savoirs anciens. Mais aussi la beauté, la créativité et l’espoir de ceux qui continuent de marcher sur les traces des bergers, soulignant combien la transhumance est un héritage qui rassemble.
Dans les Abruzzes, la transhumance – reconnue par l’Unesco comme patrimoine culturel immatériel – représente depuis des siècles le cœur battant de la civilisation agro-pastorale en Italie.
La Fête des Bergers est aussi un laboratoire social et artistique à ciel ouvert. Excursions, spectacles, ateliers d’artisanat, de peinture, de sculpture et de danse animeront le village pendant des jours, les habitants devenant protagonistes et guides, et les visiteurs impliqués dans des activités écologiques, puisque l’ensemble de l’événement est conçu dans une optique de durabilité et de respect de l’environnement.
L’un des moments les plus attendus de cette édition sera Carnav’halfa, un carnaval éco-durable prévu le dimanche 13 avril, avec des répétitions également prévues le 27 juin lors de la Nuit des Idées à Tunis. Les costumes, fabriqués à partir de matériaux de montagne – tels que des fibres de halfa, des peaux de mouton, du bois et de l’argile – seront portés par des acteurs, des musiciens et des danseurs. L’âme du carnaval ? Les «poupées halfa», protagonistes d’un conte pour enfants écrit par l’écrivain turc Ongul, symbole de la résilience des femmes des montagnes tunisiennes.
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