Sahara occidental | Les Marocains célèbrent une «victoire historique»

Des milliers de Marocains sont descendus dans les rues des villes et villages, avant-hier, vendredi 31 octobre 2025, drapeaux à la main, pour célébrer le vote du Conseil de sécurité de l’Onu en faveur du plan d’autonomie du Maroc pour le Sahara occidental, territoire disputé depuis 1975 entre Rabat et le Front Polisario, mouvement séparatiste soutenu par l’Algérie.

Latif Belhedi

Les festivités ont duré jusqu’à l’aube du samedi et se sont poursuivies hier toute la journée dans la même ambiance de ferveur patriotique qui tranche avec la tension ayant régné ces dernières semaines lors des marches de protestation de jeunes militants de la GenZ exigeant des réformes économiques et sociales.

«La victoire remportée par la diplomatie marocaine, sous l’impulsion de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, grâce à la résolution de l’Onu, est une victoire pour la justice, une victoire pour le Maroc», scandaient les manifestants.

«Le Maroc est uni, de Tanger à Legouira», chantaient en chœur les plus jeunes dans les rues de Marrakech, traversées par des cortèges de voitures et de drapeaux.

À Rabat, la capitale, la foule dansait au son de la musique sahraouie. «Le Sahara est marocain et l’a toujours été !», clamaient-ils, tandis que l’hymne national résonnait dans les haut-parleurs. «Nous sommes si fiers, c’est notre pays, notre cause !», lançaient-ils dans les micros de la radio et de la télévision.

À Smara, ville située dans le territoire contesté, les habitants ont tiré des feux d’artifice dès l’annonce du vote, chantant et dansant dans les rues au son de la musique folklorique.

La solution «la plus réaliste»

Le discours du roi Mohammed VI, qualifiant la décision du Conseil de sécurité de «tournant historique», a été diffusé sur toutes les chaînes de télévision et sur des écrans géants installés dans certaines villes pour suivre les matchs de la Coupe d’Afrique des Nations.

Le Sahara occidental, colonie espagnole jusqu’en 1975, est majoritairement contrôlé par le Maroc, mais est considéré comme un territoire non autonome par les Nations Unies. Vendredi, le Conseil de sécurité de l’Onu a approuvé le plan d’autonomie du Maroc pour le Sahara occidental, le qualifiant de solution «la plus réaliste» pour ce territoire contesté. Jusqu’à présent, le Conseil de sécurité avait exhorté le Maroc, le Front Polisario, l’Algérie et la Mauritanie à reprendre les négociations, interrompues depuis 2019, afin de parvenir à une solution politique «viable, durable et mutuellement acceptable».

Les Casques bleus de l’Onu étaient sur le terrain pour garantir le maintien de la paix. Mais à l’initiative des Américains, qui étaient en charge du dossier au Conseil de sécurité, un tournant décisif s’est produit vendredi : avec 11 voix pour, aucune contre et trois abstentions – l’Algérie ayant étrangement refusé de participer au vote –, la résolution soutenant le plan présenté par Rabat en 2007 a été adoptée : l’autonomie sous souveraineté marocaine pour ce vaste territoire désertique, trois fois plus grand que l’Autriche, riche en phosphates et doté de zones de pêche abondantes.

Débloquer la construction maghrébine

Lasse d’un conflit qui lui coûte cher en termes de gestion et d’assistance, et qui, en plus, alimente des tensions permanentes et bloque les velléités de réformes dans la région du Maghreb et du Sahara, la communauté internationale semble avoir enfin opté pour une solution sous l’égide du Maroc, dont les prétentions historiques sur ce territoire sont largement documentées.

En Tunisie, cette issue semble avoir comblé d’aise tous ceux et celles qui ont toujours soutenu le droit du Maroc à recouvrer tous ses territoires du Sahara, mais qui se sont gardés jusque-là de le dire publiquement pour ne pas susciter l’ire du voisin algérien. Mais si la résolution de cette question du Sahara occidental pouvait aider à sortir l’Union du Maghreb arabe (Uma), qui regroupe la Mauritanie, le Maroc, l’Algérie, la Tunisie et la Libye, de sa léthargie qui dure depuis 1988 et accélérer une intégration régionale souhaitée par tous les peuples de la région, les Tunisiens seraient les plus heureux de tous.   

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