Le PBYG serait une solution tunisienne de sécurisation des affaires

Alors que le monde du paiement numérique évolue à grande vitesse, une nouvelle approche attire l’attention : le modèle PBYG (Pay Before You Get), littéralement «Payer avant d’obtenir». En apparence classique, ce concept revisite en profondeur la logique de consommation et de financement. Il ne s’oppose pas au célèbre modèle BNPL (Buy Now, Pay Later) popularisé par des géants comme PayPal, Klarna ou Afterpay, mais s’inscrit plutôt dans une logique complémentaire, plus inclusive et adaptée aux réalités locales.

Houssem Djelassi *

Dans le contexte tunisien, où l’accès au BNPL demeure encore étroitement lié aux institutions bancaires et dépend du scoring, des antécédents et de la décision finale de la banque, le PBYG offre une alternative pragmatique, simple et ouverte à un plus large public, y compris aux indépendants et aux petites entreprises souvent exclues du circuit de crédit classique.

La Tunisie vit actuellement une transformation majeure de son paysage financier. Avec l’entrée en vigueur de la nouvelle loi n°41-2024, qui interdit formellement l’utilisation des chèques antidatés, le réflexe historique de paiement échelonné est remis en question. Cette réforme, bien que nécessaire pour assainir le système et combattre la fraude, laisse un vide immense, créant un besoin urgent d’alternatives fiables pour les entreprises, les freelances et les auto-entrepreneurs tunisiens.

Dans ce contexte de mutation, le modèle ‘Pay Before You Get’ (PBYG), ou «Paiement avant réception», émerge comme une stratégie non seulement viable, mais essentielle pour garantir la sécurité et la croissance des affaires.

Chèque antidaté : pratique courante aux risques élevés

Pendant des décennies, le chèque antidaté a été le moyen de paiement par excellence pour des milliers de Tunisiens et de PME, permettant des achats ou des services échelonnés. C’était une solution de fortune pour pallier le manque de financement ou de flexibilité bancaire. Cependant, cette pratique comportait des risques considérables. L’émission de chèques sans provision a atteint des chiffres alarmants : plus de 36 000 affaires de crimes liés aux chèques sans provision ont été recensées en 2022/2023, avec 367 500 chèques rejetés au cours de la seule année 2024. Ces chiffres témoignent de la fragilité du système et de la nécessité d’une réforme. La nouvelle loi renforce d’ailleurs les sanctions, avec des peines de prison et des amendes importantes pour les contrevenants.

Le PBYG : un rempart contre l’incertitude

Face à ce bouleversement législatif, les acteurs économiques doivent repenser leurs moyens de paiement. Le modèle PBYG offre une réponse directe aux défis posés par la fin du chèque antidaté.

Sécurité financière absolue : le PBYG garantit que le prestataire de services ou le vendeur est payé avant de livrer, éliminant de facto le risque d’impayés, principale faiblesse du système précédent.

Trésorerie saine et prédictible : contrairement à l’attente incertaine de l’encaissement d’un chèque postdaté, le PBYG assure un flux de trésorerie immédiat et prévisible. Cette stabilité permet une meilleure planification financière et réduit le besoin de recourir à des financements coûteux.

Professionnalisme et confiance : en adoptant un modèle transparent et sécurisé, les entreprises tunisiennes renforcent leur crédibilité, signalant leur sérieux et leur engagement à opérer dans un cadre légal clair.

Une opportunité pour l’innovation financière

La transition forcée vers d’autres moyens de paiement (traites, virements instantanés, solutions fintech) représente une opportunité pour la Tunisie de moderniser son écosystème financier. Le PBYG s’inscrit parfaitement dans cette dynamique. De nouvelles solutions technologiques s’appuient sur cette philosophie, proposeront des outils digitaux et innovants pour rendre le processus simple, rapide et infalsifiable. L’objectif n’est pas uniquement de se conformer à la loi, mais d’utiliser la technologie pour renforcer la transparence et l’efficacité économique.

En conclusion, la fin du chèque antidaté marque un tournant décisif. Le modèle ‘Pay Before You Get’, loin d’être une contrainte, incarne une évolution nécessaire et avantageuse pour les entreprises tunisiennes.

C’est une stratégie gagnante qui sécurise les revenus, stabilise la trésorerie et ouvre la voie à une croissance durable dans un environnement économique assaini.

* Founder, CEO at Planif Pay (by Amana Finnovation).

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