Le Musée romain et paléochrétien de Carthage a rouvert ses portes au public après d’importants travaux de rénovation entrepris en avril 2024. Le musée, dans sa nouvelle configuration, constitue une étape fondamentale pour la compréhension du développement de Carthage à la fin de l’époque romaine et au début de l’époque chrétienne.
C’est ce qu’indique le guide d’accueil, rédigé par les chercheurs Nejib Ben Lazreg et Sihem Aloui, qui documente des vestiges archéologiques relatifs à l’architecture religieuse, aux espaces civiques et aux pratiques spirituelles de cette période.
Le musée, explique une note du ministère des Affaires culturelles, a été créé en 1984 dans le cadre de la campagne internationale pour la sauvegarde de Carthage lancée par l’Unesco.
Plusieurs institutions scientifiques ont contribué à sa création, notamment le musée Kelsey de l’Université du Michigan, sous la direction du conservateur tunisien Abdelmajid Nabli et de l’archéologue américain John Humphrey, avec le soutien financier de la Fondation Earthwatch. Depuis sa création, le musée se distingue par la présentation des résultats des fouilles scientifiques directement sur les sites originaux, ce qui en fait un pôle de recherche majeur.
Situé à Carthage Dermech, dans la banlieue nord de la capitale, le musée s’élève sur un site archéologique exceptionnel, témoignant du développement successif de la ville.
La Grande Église byzantine
Rénové, le musée propose un parcours complet permettant aux visiteurs d’explorer la Grande Église byzantine, longue de plus de 36 mètres et large de 25,5 mètres. Cette église à cinq nefs et huit niches présente des mosaïques géométriques au sol, dont certaines proviennent de Constantinople et ont été importées à Carthage. Elle fut construite sur les fondations d’une église plus ancienne datant de la fin du IVe siècle, comme l’ont révélé les fouilles et les éléments architecturaux mis au jour. Le baptistère, de plan carré et à noyau octogonal, est l’un de ses éléments les plus importants. Il se compose d’un bassin central en forme de croix, entouré d’une colonnade circulaire et de colonnes torsadées en marbre de Chemtou.
Selon les chercheurs Nejib Ben Lazreg et Sihem Aloui, cette conception reflète l’importance spirituelle accordée au baptême par l’Église à cette époque.
Le musée abrite également un complexe ecclésiastique complet, mis au jour entre 1976 et 1984, comprenant des habitations, de petits ateliers, des puits, des citernes et des passages reliés au réseau urbain de Carthage, témoignant d’une occupation humaine continue du site même après la conquête arabe.
Le musée conserve deux mosaïques rares représentant des paons, l’une découverte entre 1970 et 1971 et l’autre en 1984. Ces mosaïques sont considérées comme parmi les plus belles mosaïques chrétiennes, symbolisant l’immortalité et la vie éternelle. Le musée expose également une riche collection de céramiques, notamment des poteries puniques provenant du port et des poteries de Dermech trouvées sur le site, ainsi que des objets en métal et en bronze et des monnaies antiques, dont la plus ancienne est une pièce punique du IIIe siècle avant J.-C. représentant le célèbre emblème du cheval.
La statue de Ganymède
Le musée abrite également la statue de Ganymède enlevé par Zeus, une œuvre en marbre unique d’importance mondiale, reconstituée après avoir été retrouvée brisée en 17 morceaux. C’est un voyage à travers quatre siècles de Carthage chrétienne.
Le musée romain et paléochrétien de Carthage a fermé ses portes à plusieurs reprises pour rénovation, notamment en 2010 et 2013. Il a rouvert en juin 2021 après plusieurs années de fermeture suite au vol de la statue historique de Ganymède en 2013. Cette pièce unique a été retrouvée en 2017. Le musée a de nouveau fermé en mars 2024 pour des travaux d’entretien et de restauration. Durant cette période, des travaux intérieurs ont été réalisés, ainsi que la rénovation des réserves et du bureau du conservateur en octobre 2024, et le pavage et la réfection du trottoir extérieur entourant le musée en novembre 2024.



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