Un rapport de la Banque centrale de Tunisie (BCT) juge les risques de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme très élevés en Tunisie.
Les crimes cybernétiques, dont le piratage des comptes financiers et des cartes bancaires, «sont des plus hauts risques» de blanchiment d’argent et de financement du terrorisme, indique le rapport sur l’évaluation nationale des risques «de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme», dont un résumé a été publié, samedi 5 août 2017, par la Banque centrale de Tunisie (BCT).
Résultat de l’analyse stratégique de plus de 460 dossiers de blanchiment d’argent et de financement du terrorisme soumis à la justice et de 2000 comptes bancaires et des milliers d’opérations bancaires (dépôt, retrait et transfert) d’une valeur globale avoisinant les 10 milliards de dinars, ce rapport juge le niveau des risques en Tunisie «relativement élevé», pour une liste de menaces de blanchiment d’argent, dont également la corruption, l’évasion fiscale et douanière.
Le paiement en monnaie nationale (dinar) et en devises, les associations et les sociétés de commerce international non résidente, le secteur foncier et le commerce de l’or sont autant de mécanismes et de secteurs à haut risques, précise le rapport commandé par la présidence du gouvernement, en 2014, et réalisé par la Commission tunisienne des analyses financières (CTAF), en collaboration avec les deux ministères de l’Intérieur et de la Défense.
Le rapport souligne «les grands risques» auxquels le secteur bancaire doit faire face en matière de blanchiment d’argent et de financement de terrorisme, ce qui doit interpeller les banques afin de renforcer leurs ressources humaines chargées du contrôle de la conformité, de concevoir des programmes de formation et d’acquérir les moyens et les logiciels adéquats pour faire face à ces risques.
Cette analyse répond aux engagements internationaux de la Tunisie notamment, la première recommandation du Groupe d’Action Financière (Gafi), exigeant des pays la compréhension, la détermination et l’évaluation des risques liés au blanchiment de capitaux et au financement du terrorisme, et l’adoption de la méthodologie basée sur la définition des risques et l’orientation des ressources de l’Etat vers les secteurs et les métiers à hauts risques.
Ainsi, malgré l’arsenal juridique et réglementaire dont dispose la Tunisie, cette évaluation fait ressortir des faiblesses au niveau de la compréhension par les agents de contrôle dans les différents secteurs, notamment les banques, des risques de blanchiment d’argent et de financement du terrorisme, et le manque d’efficacité des mesures et des pratiques de vigilance.
Le rapport met l’accent sur la faiblesse (parfois l’absence) de la coordination entre les différents intervenants et la faible capacité d’analyse en ce qui concerne les crimes financiers comme au sein des institutions financières et non-financières, à l’instar de la Poste Tunisienne, des promoteurs immobiliers et des bijoutiers.
H. M.
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