Réunion de Chahed avec les bailleurs de fonds en juillet 2018.
Au moment où certaines parties politiques manœuvrent pour faire tomber le chef du gouvernement Youssef Chahed, plusieurs indices montrent que les principaux bailleurs de fonds de la Tunisie ont clairement choisi de l’aider à se maintenir et préfèrent composer avec lui. Il y va apparemment de leurs intérêts.
Par Khémaies Krimi
Le chef de file de ces bailleurs de fonds, en l’occurrence le Fonds monétaire international (FMI) vient de décaisser, avec une célérité inhabituelle, en l’espace de deux mois et demi, deux tranches du prêt de 2,9 milliards de dollars accordé à la Tunisie dans le cadre de son programme économique, appuyé par un accord quadriennal au titre du mécanisme élargi de crédit (MEDC) approuvé en mai 2016.
La première tranche, d’un montant de 249,1 millions de dollars, a été décaissée, le 6 juillet 2018, tandis que la seconde, d’un montant de 254 millions de dollars a été versée, vendredi dernier, 28 septembre. La Tunisie aura ainsi obtenu 735 millions de dollars en 2018 et un total de 1.365 millions de dollars US du total du crédit à obtenir du FMI, qui est de 2.843 millions de dollars.
Le FMI convaincu que la reprise est sur la bonne voie
Ce prêt vise à soutenir la Tunisie dans son programme de réforme destiné à affermir la reprise, en réduisant les déséquilibres macroéconomiques, en assurant une protection sociale adéquate et en encourageant la création d’emplois par le secteur privé.
Pour expliquer les motifs du versement de cette dernière tranche, le FMI a fait état de sa satisfaction de certaines avancées à l’actif de l’actuel gouvernement.
Dans le communiqué qui a couronné la mission effectuée par une équipe du Fonds qui s’est rendue en Tunisie du 15 au 31 août dernier pour discuter des plans d’action des autorités dans le cadre de la quatrième revue du programme de réformes économiques de la Tunisie soutenu par le MEDC, le fonds relève «certains signaux encourageants qui indiquent que la reprise économique est en bonne voie». Et le Fmi d’ajouter : «L’économie tunisienne a connu une croissance de 2,6% (en glissement annuel) au premier semestre de cette année, avec une bonne performance des secteurs de l’agriculture, du tourisme et des services. Le nombre de touristes ayant visité la Tunisie depuis le début de l’année est le plus élevé depuis 2010. L’engagement des autorités à réduire les déséquilibres budgétaires porte également ses fruits. L’exécution du budget sur les six premiers mois de 2018 est conforme avec l’objectif de réduire significativement le déficit cette année. Contenir les déficits contribuera à réduire la dette publique élevée de la Tunisie qui pèse sur l’économie et les générations futures».
L’effet d’entraînement des décaissements
Le deuxième indice est perceptible à travers l’effet d’entraînement de ces deux décaissements proches dans le temps. Car ces versements du FMI, dont le montant n’est pas en soi si important, ont pour avantage d’avoir un effet multiplicateur sur les autres bailleurs de fonds.
Ces derniers ont pris l’habitude d’attendre, jusqu’à la dernière minute, la décision de décaissement du FMI avant de fournir à leur tour à la Tunisie les fonds demandés. C’est ce qui est passé avec le versement de la tranche de juillet, et ce qui va se produire en principe avec celle de septembre.
À titre indicatif, la Banque mondiale a accordé à la Tunisie, depuis le versement du la tranche du crédit-FMI en juillet, quelque 980 millions de dollars. Une partie de ce montant, soit 500 millions de dollars, fournis au mois de septembre 2018, a permis de renflouer les réserves en devises de la Banque centrale de Tunisie (BCT) et de les porter de 69 jours à 77 jours d’importation.
Mieux, réunis à Tunis jeudi 12 juillet 2018, les représentants de huit prestigieuses institutions financières, en l’occurrence le FMI, la Banque mondiale (BM), la Banque européenne d’investissement (BEI), la Banque européenne de reconstruction et de développement (Berd), la Banque africaine de développement (BAD), l’Agence française de développement (AFD), la KfW et la Société financière internationale (SFI), ont décidé d’accorder à la Tunisie des prêts et des dons pour un montant global de 5,5 milliards d’euros (environ près de 17 milliards de dinars), dont 2,5 milliards d’euros (7,7 milliards de dinars) pour les exercices 2018-2019.
Au final, il nous semble que cet engagement des bailleurs de fonds en faveur de la Tunisie, qui plus est en cette période de crise aiguë, vient illustrer de manière éloquente qu’ils sont convaincus par la politique suivie par le gouvernement Youssef Chahed, qu’ils sont persuadés de sa capacité à sortir le pays de la crise et qu’ils sont, surtout, rassurés quant au remboursement de leurs crédits, ce qui, on l’imagine, est leur principal intérêt.
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