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‘‘Blood moon’’ de Moez Mrabet : Espoirs et désenchantements d’une révolution inachevée

Sous un ciel éclairé par la lumière d’une pleine lune et sur une scène bercée par la brise marine d’une journée plutôt clémente pour un mois d’août particulièrement chaud, les deux comédiennes Basma El Ichi et Mariem Sayah ont transporté le public du Centre culturel international de Hammamet dans une descente abyssale à travers les interstices d’une mémoire qui a du mal à effacer les stigmates d’un passé douloureux qui les rattrape à chaque détour, à chaque pas, à chaque mouvement.

Dans une ambiance de clair-obscur, et dans un décor minimaliste, à l’exception d’une ligne tendue sur laquelle des poupées ont été suspendue, les deux comédiennes se lancent dans un dialogue éprouvant tout au long duquel elles déroulent l’histoire d’une vie, de leur vie, à l’opposé l’une de l’autre, dans un interminable jeu de corps et de mots, en dévoilant, par le biais de métaphores et d’allégories, leurs désirs, leurs rêves, leurs aspirations et leur désenchantement.

‘‘Blood moon’’ ou ‘‘Gamret Dam’’ est une pièce de théâtre, mise en scène par Moez Mrabet d’après un texte de Basma El Ichi, présentée mardi 4 août 2020 dans le cadre de Sahriyet Hammamet.

‘‘Blood Moon’’ retrace la vie de deux femmes qui profitent d’une soirée d’éclipse lunaire ou «lune de sang», pour fuir après l’assassinat sur la place publique d’une autre femme, poétesse de son état. La victime est un symbole de la révolution alors que les deux femmes nourrissent chacune son propre idéal: l’une aspire à l’affranchissement à travers la liberté et la justice, et l’autre, désespérée, à travers la mort. Le décor est planté et le dialogue de dérouler les élucubrations de deux âmes endolories.

Au-delà des vécus relatés des deux personnages, la pièce se présente comme l’autopsie d’un pays à peine sorti d’une révolution et qui ne s’est pas encore remis des convulsions profondes que celle-ci a engendrées et qui a fortement imprégné et marqué le vécu de deux femmes aux destins différends.

‘‘Blood Moon’’ est écrite dans un style au vitriol, mais aussi, avec des mots chargés d’émotion et d’espérance.

En déroulant l’histoire de deux femmes que tout éloigne et rapproche à la fois, cette pièce nous balance à la figure des vérités sur nous-mêmes, trop lourdes à porter, et une réalité trop complexe pour être assumée par des êtres fragilisés par la solitude et l’angoisse.

Entre les deux femmes, le duel s’installe, entre espoir et désespoir, résistance et fuite, désir et renoncement dans une atmosphère de tiraillement et de souffrance.

Cette pièce est une rétrospective des années qui ont suivi la révolution de 2011 en Tunisie avec ses attentes et ses désenchantements.

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