Le «dialogue national» préconisé par l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) pour sortir la Tunisie de la crise où elle se morfond depuis la «révolution» de 2011 est loin de faire l’unanimité. Les voix qui s’y opposent se font de plus en plus entendre.
Ce «dialogue national» devant être organisé sous l’égide du président de la république Kaïs Saïed a certes eu l’aval de ce dernier, qui y a cependant mis certaines conditions, et l’accord de la plupart des parties concernées (partis politiques, organisations nationales…), à court d’idées et de solutions, mais il fait face au scepticisme de larges pans de la société civile qui n’y voient aucun intérêt et n’en attendent pas grand-chose pour aider à sortir le pays de la crise.
Certains analystes soulignent à juste titre que cette initiative n’aura au final qu’un seul résultat : déresponsabiliser les partis au pouvoir depuis 10 ans, notamment le parti islamiste Ennahdha, le vrai responsable de l’impasse actuelle, et lui donner un quitus pour continuer à gouverner et à enfoncer le pays dans une crise sans fin.
Béchir Lassoued, ingénieur et haut cadre à la retraite du ministère de l’Agriculture, est de cet avis. Dans un post Facebook publié aujourd’hui, lundi 4 janvier 2021, il s’interroge : «Se réunir pour dialoguer sur quoi?» Et voici sa réponse: «La situation est connue de tous, et qu’est-ce que cela va ajouter, sinon donner un nouveau souffle à Rached Ghannouchi (président d’Ennahdha, Ndlr), qui se trouve dans de beaux draps actuellement? C’est une pure perte de temps! La balle est dans le camp du président de la république et du chef du gouvernement. Ils doivent agir rapidement au niveau du parlement en proposant les réformes nécessaires au déblocage de la situation sociopolitique actuelle, avec l’activation de la Cour constitutionnelle, qui tarde trop à être mise en place, et l’amendement de certains articles de la Constitution, surtout ceux relatifs au mode de scrutin et au système de gouvernance. En outre, il serait judicieux d’impliquer l’armée dans la gestion des secteurs du phosphate et du pétrole. Il faut agir rapidement pour que l’Etat retrouve son autorité, sa dignité, ses droits et sa prééminence régalienne… Il y va de notre image de marque dans le concert des nations!»
I. B.
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