Le pouvoir tunisien actuel est paralysé et rien de bien n’en sortira tant que l’alliance contre-nature Nidaa Tounes – Ennahdha perdurera.
Par Rachid Barnat
Après le musée du Bardo et ses 22 morts, après Sousse et ses 39 morts, la Tunisie et son gouvernement vont-ils enfin se ressaisir ?
Nous étions nombreux à soutenir que l’alliance de Nidaa Tounes avec les islamistes était une très grave erreur et que nous le payerons un jour où l’autre.
La seule justification des partisans de cette alliance contre nature était qu’il valait mieux avoir les islamistes avec nous et que cela éviterait la violence! Erreur : on voit le beau résultat!
Les parrains de la violence
D’autres l’imputent à la «pression» des Etats-Unis et de l’Union européenne qui veulent expérimenter sur le dos des Tunisiens l’islamisme «modéré» de leurs amis Frères musulmans, protégés de leur grand ami l’émir du Qatar! Mais comme on sait, les décideurs ne sont jamais les payeurs: or les Tunisiens n’ont que trop payé pour l’islamisme «modéré» de leurs amis et aspirent légitimement à vivre dans une démocratie, mais pas au rabais!!
Il était absolument fatal que cela donne ce résultat car le pouvoir, bridé par les islamistes, ne peut prendre les mesures nécessaires et fortes. Pendant que les Frères musulmans d’Ennahdha essayent de donner une image de modération, alors que leur projet est toujours le même et qu’il est dangereux pour le pays car il fait le lit idéologique des violents, ces derniers continuent de perpétrer leurs crimes.
Peut-on nous dire le gain que l’on a eu de cette alliance contre nature? Quelle crédibilité peuvent avoir Rached Ghannouchi, Hammadi Jebali et Ali Larayedh, eux-mêmes responsables de crimes terroristes dans les années 70-80, et durant les 3 années de pouvoir provisoire de leur parti, ils ont encouragés, soutenu et financé ceux que les Tunisiens appellent les «salafistes» et que Ghannouchi revendique comme étant ses «enfants», «porteurs d’une nouvelle culture», précisait-il; et dont l’extrémisme lui rappelle avec une grande émotion le sien à leur âge? Qui peut croire à la sincérité des condamnations prononcées par ces parrains de la violence à laquelle la Tunisie est aujourd’hui livrée?
Il faut maintenant des mesures fortes, qu’elles plaisent ou non aux islamistes et peu importe qu’elles conduisent à la rupture! Si cette rupture fait qu’Ennahdha montre son vrai visage et s’oriente vers la violence, cela aura eu le mérite de clarifier les choses et le double langage des Frères musulmans sera mis à nu. Ce sera un bien pour le pays qui saura où sont ces véritables ennemis.
Depuis l’attentat de Monastir en 1986, les islamistes voulaient détruire le tourisme. Maintenant c’est fait!
Le minimum requis
Ces mesures fortes sont au minimum les suivantes :
– limoger tous les cadres islamistes nommés dans la police, l’armée et l’administration par les gouvernements Jebali et Larayedh. Il n’est pas possible d’avoir confiance en des gens qui ont souvent montré de l’indulgence à l’égard des extrémistes religieux, considérés comme des alliés potentiels et une réserve électorale;
– fermer les mosquées dans lesquelles un discours de haine et de violence se perpétue. Sur ce point le gouvernement est en retard et prend, semble-t-il, des précautions injustifiées. Il faut être d’une fermeté absolue. Le peuple le demande en dehors de quelques militants des islamistes;
– mettre en place un dispositif de contrôle des prêches. Il est inacceptable et très dangereux de laisser des individus incompétents appeler à la violence, à la haine et à une application bornée de ce qu’ils croient être l’islam;
– interdire Hizb Ettahrir, ce parti qui ose narguer la république, appelle au califat et brandit le drapeau du salafisme, synonyme de violence et de meurtre, illustrés par le sabre sur leur bannière noire;
– supprimer toutes les crèches et autres écoles coraniques financées par de l’argent venu d’ailleurs (Qatar, Arabie saoudite…) et qui sèment chez les enfants le ferment de la violence en leur faisant haïr la prétendu «immoralité» de l’Occident !
Sur tous ces points, il y a eu beaucoup de discours et des promesses mais en réalité rien de sérieux.
Faut-il rappeler les conditions voire les «exigences» faites par Nidaa Tounes pour participer au fameux «dialogue national»? Comment se fait-il que Nidaa les ait complètement oubliés? Veut-on que le pays soit détruit complètement pour agir?
Est-ce vraiment trop demander? Si ces actions fermes, nécessaires ne sont pas mises en œuvre, on peut dire adieu à la Tunisie.
Le président Caïd Essebsi a semblé, dans ses premières déclarations après l’attentat de Sousse, aller dans ce sens mais même s’il prend quelques décisions fermes, leur mise en œuvre ne se fera pas correctement en raison de l’action des amis de Ghannouchi, qui feront tout pour empêcher leur mise en oeuvre, les détourner ou les vider de toute substance.
En fait ce pouvoir est paralysé et rien de bien n’en sortira tant que cette alliance Nidaa – Ennahdha perdurera.
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