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Salah Mejri : «A la NBA: tout le monde est grand et tout le monde est fort»

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Entretien avec Salah Mejri, le natif de Jendouba et ancien sociétaire de l’ESS, devenu un grand nom du basketball mondial et star de la NBA.

Entretien conduit par Maurice London

Cette semaine, le pivot de la sélection tunisienne, 29 ans et 2,17 m, a accordé un entretien à la station de télévision américaine WFAA, affiliée au réseau ABC. Il y évoque son parcours: les débuts de sa carrière avec l’Etoile sportive du Sahel, son séjour belge (Antwerp Giants), son aventure espagnole (Obradoiro CAB et Real Madrid) et son saut américain (Mavericks de Dallas, aux Etats-Unis) – tous, bien évidemment, ponctués par des participations aux campagnes continentales et internationales du cinq tunisien.

Trois continents – l’Afrique, l’Europe et les Amériques – en moins de cinq années et tout ce que cela implique. Décalages horaires, changements de mode de vie, adaptations à des styles de jeu différents. Travailler, travailler et travailler encore… pour réussir. Salah Mejri a appris la leçon.

Comment avez-vous géré le changement culturel, lorsque vous avez rejoint, en 2010, l’équipe belge des Antwerp Giants?

Salah Mejri : Je dois avouer qu’au début cela n’a pas été facile. D’ailleurs, c’est bien simple, aucun basketteur tunisien n’avait évolué en Europe auparavant. Il me fallait donc compter sur moi-même et sur mon instinct pour m’adapter. Bien sûr, il y avait en Belgique des concitoyens qui m’ont aidé du mieux qu’ils pouvaient. Pour le reste, il a fallu que je me débrouille tout seul. Il y a eu des hauts et des bas, mais je m’en suis sorti avec le soutien des coachs et de tout monde à l’Antwerp. Sur le terrain, là également, il fallait que je m’adapte, car le basket africain est beaucoup plus athlétique: il s’agit de courir, de sauter et marquer. En Europe, l’aspect tactique est de très grande importance. Il me fallait donc apprendre cela.

Et d’Antwerp, vous êtes parti en Espagne pour rejoindre le Real Madrid.

En Espagne, j’ai fait une escale d’une saison avec l’Obradoiro. L’expérience était bonne. Je m’y suis épanoui et j’étais la meilleure recrue de l’année. Nous avons joué les playoffs – et c’était une première dans l’histoire du club et un tremplin pour moi. Delà, je suis parti au Real Madrid qui venait de remporter le championnat d’Espagne.

Quand est-ce que vous avez attiré l’attention des agents? Etait-ce durant votre séjour madrilène?

Non, ça remonte à la Belgique. J’étais déjà le meilleur joueur d’Afrique. En 2012, j’ai fait un essai à Orlando, mais il fallait choisir entre tenter ma chance en NBA ou représenter mon pays aux Jeux olympiques. Sincèrement, je n’ai pas hésité à prendre la décision de m’engager à fond pour la Tunisie. C’était un grand honneur et le tournoi olympique de l’été 2012 a été un franc succès: j’ai réussi à obtenir une moyenne de 3,4 contres et 10 rebonds par rencontre (…) A présent, me voici à Dallas et, encore une fois, face à un nouveau défi. Tout est à découvrir pour moi. Souvenez-vous, lorsque j’ai entamé mon parcours en Tunisie, je ne connaissais pas grand’ chose au basketball. Puis, je suis allé en Belgique et il m’a fallu apprendre ce que c’est que le style de jeu européen. Ensuite, une nouvelle fois, j’ai dû m’adapter au basket espagnol, ainsi de suite… Les nouveaux défis sont devenus mon pain quotidien. Je n’ai plus connu de répit depuis de nombreuses années. Chaque jour, il faut que je m’adapte. Je ne m’en plains pas. Bien au contraire, c’est une bonne chose.

Comment les choses se passent-elles pour vous à Dallas?

Je dois admettre que ça n’est pas facile. Tout est différent, ici aux Etats-Unis –les règles mêmes de la NBA sont différentes de celles de la Fiba. Le style de vie est différent. Tenez, même le changement horaire est un problème qui n’est pas facile à résoudre. Cela me pose problème pour garder contact avec le pays. Il y a un décalage horaire de 7 heures entre Tunis et Dallas.

Est-ce que votre famille est avec vous, ici à Dallas?

Non, tous les membres de ma famille sont en Tunisie – seule ma sœur est en Ukraine où elle poursuit ses études. Les choses ont été dures pour moi, mais ce qui m’aide beaucoup à tenir le coup c’est le soutien qui me vient du pays. D’ailleurs, cet appui ne vient pas uniquement de la Tunisie. Tous les pays arabes tirent fierté de ce que je suis en train de faire, me le font savoir et me soutiennent.  Je ferai tout pour mériter cette confiance, pour faire honneur à ma famille et à mon pays et pour réussir ma carrière.

Beaucoup ne comprenaient pas, au début, que les Mavs de Dallas aient pu recruter un joueur de 29 ans, mais vous les avez surpris par vos prestations, l’été dernier. Vous avez arraché votre place dans l’équipe et poussé sur le banc de touche des vedettes comme Dalembert (Samuel Dalembert, pivot haïtiano-canadien qui évolue en NBA depuis 2001, Ndlr) – et cela n’est pas peu de chose.

Bien sûr, ça n’est pas une mince affaire. Les gens, ici, aiment ce que je suis en train de faire. Mais il va falloir que je poursuive sur cette lancée et que je continue à travailler dur – comme dit notre coach, ‘‘il faut être tout le temps prêt.’’ Donc, on ne sait jamais à quel moment la chance de montrer son jeu se présente. A moi de me préparer, et c’est à l’entraîneur de décider de me faire jouer ou pas. Je sais ce que je dois faire: travailler toujours et toujours, encore et encore. C’est la NBA: tout le monde est grand et tout le monde est fort. C’est là-dessus que je trime comme un fou: à être fort et grand.

Traduit de l’anglais par Marwan Chahla

Source: ‘‘WFAA Sports’’.

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