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Art : La céramique tunisienne by Jacob Chemla

Ceramique-en-Tunisie

Un ouvrage d’art retrace le parcours exemplaire d’une famille de céramistes tunisiens dont les travaux ont marqué les 19e et 20e siècle.

‘‘Splendeur de la céramique tunisienne’’, un ouvrage de passion et de mémoire, coédité par Déméter (Tunis) et L’Eclat (Paris), est entrepris par Jacques Chemla, Lucette Valensi et Monique Goffard, en hommage à leur grand-père, le «maâlem» (maître) céramiste d’art Jacob Chemla.

Ce beau livre, amplement documenté et richement illustré, retrace l’histoire d’un artisanat méditerranéen d’une extraordinaire richesse et le parcours atypique de Jacob, ses fils et petits-fils, une lignée d’artisans céramistes de confession juive passés maitres dans une activité jusque-là exercée exclusivement et sans discontinuité par les musulmans depuis le Moyen Age.

Jacques, petit-fils de Jacob Chemla, initiateur de cet ouvrage, détient une importante collection de céramiques créées dans les ateliers de son grand-père. Monique Goffard, petite-fille de Jacques Chemla, est une spécialiste de sciences de l’éducation. Quant à Lucette Valensi, elle aussi petite-fille de Jacob, est historienne, ancienne directrice d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (Ehess, France), spécialiste de l’islam méditerranéen.

C’est le parcours de cette entreprise familiale à partir des années 1860 et jusqu’à la fin du XXe siècle que le livre retrace tout en évoquant, en même temps, le souvenir d’une Tunisie plurielle.

A la mort de Jacob Chemla, le patriarche, c’est son fils Mouch qui lui a succédé à la tête de l’entreprise et perpétué le savoir faire familial inégalé et fort apprécié, durant plusieurs décennies, en Tunisie, en Algérie et à travers le monde.

Il est à rappeler que le président Habib Bourguiba avait, dans les années 1960, commandé à Mouch de superbes panneaux de céramique qui garnissent encore aujourd’hui les salons du Palais de Carthage. A l’époque, les notables et les bourgeois tunisois l’inondaient de leurs commandes pour décorer leurs demeures et palais.

A Santa Barbara (Californie), les escaliers et les murs du palais de justice de la ville sont revêtus de splendides «zliss» (carreaux de céramique) modelés, dessinés, peints et cuits selon les recettes séculaires détenues par les ateliers Jacob Chemla et fils. Les panneaux muraux et carrelages fabriqués à Tunis avaient été expédiés à Los Angeles dans les années 20 du siècle dernier par ces maitres de l’art du feu.

En Floride et à New York, cette élégante céramique d’inspiration hispano-mauresque aux couleurs lumineuses a connu un engouement particulier qui n’a décliné qu’avec l’avènement de l’époque moderne et l’apparition d’autres matériaux et styles de décoration intérieure.

Hamadi Abassi

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