L’espace Sadika à Gammarth, désormais appelé Galerie d’art Alain Nadaud, présente, du 19 décembre 2015 au 9 janvier 2016, une exposition sur le thème de la joie.
Par Fawz Ben Ali
L’espace Sadika, sis à Gammarth, dans la banlieue nord de Tunis, est, à la fois, un atelier de verre soufflé, un lieu de rencontre et de convivialité et galerie d’art. La propriétaire des lieux, Sadika Keskes, est une maître-verrière dont la réputation a dépassé les frontières de la Tunisie. Après des études à l’Ecole des beaux-arts de Tunis et en Italie, elle s’est dévouée à la renaissance et à la promotion du verre soufflé en Tunisie, une activité abandonnée depuis le XIVe siècle. Ses productions de diverses formes et couleurs sont imprégnées du riche patrimoine tunisien, des lointaines époques punique et romaine aux époques musulmanes plus récentes.
Pour conjurer la mort, l’art se fait joie et fête.
Tendre pensée pour Alain Nadaud
Sadika était également l’épouse d’Alain Nadaud, écrivain français, disparu le 12 juin 2015, en Grèce. Après avoir vécu une quinzaine d’année en Tunisie, auprès de son épouse Sadika, Alain Nadaud repose désormais en terre tunisienne, au cimetière de Gammarth. Son amour pour la Méditerranée et pour la Tunisie en particulier s’est traduit à travers ses écrits, dont son roman inspiré de l’histoire de notre pays ‘‘Auguste fulminant’’, paru en 1997, mais aussi à travers ce doux sourire qui se dessinait sur ses lèvres quand il arpentait les rues de la Marsa, dont témoignent aujourd’hui ses proches et amis. Alain Nadaud a toujours œuvré pour le partage franco-tunisien, notamment à travers les rencontres qu’il a suscitées entre écrivains français et tunisiens à l’espace Sadika, qui vient d’être dédié à sa mémoire et portera désormais son nom.
Majed Zalila.
A travers l’inauguration de la Galerie Alain Nadaud, Sadika Keskes a voulu rendre hommage à son défunt mari qui avait consacré sa vie à la culture et à la création. Le choix du thème de l’exposition est également lié à l’atmosphère qui avait marqué le quotidien du couple, réuni par la joie de vivre et la passion de l’art. Cette exposition autour de la joie témoigne d’une volonté de survivre au chagrin de la mort et de la séparation soudaine qui ont frappé le couple tuniso-français.
Najet Gherissi.
Une vingtaine d’artistes tunisiens et français de diverses expressions, fidèles des lieux et proches du couple, participent à cette exposition à travers des œuvres éclatantes de couleurs, de formes joviales et de clins d’oeil à la douceur de vivre méditerranéenne, comme l’avait demandé l’écrivain «On continue !», dans un bonheur infini et en luttant contre la mort, par l’art, la littérature, la culture et le partage. D’ailleurs, ce thème de la joie a toujours été l’un des plus chers aux créateurs à travers les âges.
Basma Helal.
Les passions de l’écrivain comme la musique, la danse, la navigation ou l’écriture… ont donc pris formes sur des murs, à travers des toiles, des sculptures et autres matériaux, exécutant ensemble, tel un orchestre philharmonique bien accordé, un hymne à la joie.
La musique comme élément vital et source de bonheur incomparable fut le sujet de prédilection de deux artistes tunisiens présents : Najet Gherissi, sculptrice et décoratrice, avec son œuvre présentant une créature rouge jouant d’un instrument à cordes ressemblant à la contrebasse, et Majed Zalila, peintre, avec un tableau joliment intitulé ‘‘Fête de la musique’’.
Othmane Taleb.
Othmane Taleb, artiste visuel, architecte et photographe, travaille sur l’observation du genre humain pour capter les émotions à travers le regard, l’attitude et la silhouette. Bien que ses œuvres exposées au Musée du Bardo dans le cadre de l’exposition ‘‘L’indice d’une suite’’ soient sombres, mettant en scène des personnages égarés dominés par la peur, les œuvres qu’il a choisies pour l’exposition en hommage à Alain Nadaud débordent de vie, portant à travers les sourires et les mouvements qui les animent un message d’espoir et d’aspiration à un lendemain meilleur.
Donnez votre avis