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Les ruses infinies des femmes

Femme-soumise

Pour survivre dans une société machiste, les femmes sont parfois obligées de recourir à des ruses… inutiles, qui les éloignent d’elles-mêmes et dénaturent leur être le plus profond.

Par Ahlem Ouerchfani *

Quand «l’amour» – mais ce mot doit être désinfecté – n’est qu’un mélange chimico-biologique où n’interviennent que les glandes, l’instinct, la peur de la solitude et l’impétueuse nécessité de procréer.

Parce qu’ils se regroupent sans s’aimer, on dit : ils ont fondé une famille. Parce que, naufragée qui n’en finit pas de chercher un rivage, elle se marie à 18 ans avec le premier «bellâtre» qui passe, on dit : elle s’est insérée dans la société.

Parce que, lasse d’attendre, elle se réfugie dans un médiocre bonheur qui, vite, se change en enfer quotidien, on dit : famille.

Parce que, décevante et déçue, elle s’exténue à aimer un méchant idiot, sans parvenir à rejoindre ses rêves, on dit : famille.

Et parce qu’elle s’enfonce dans la fange du mariage où la vie de tant de femmes s’enlise, la société ne lui reconnaît qu’une raison d’être: la cellule familiale qui n’est pour elle qu’une cellule.

Leurs pères le leur disent qu’«une femme trop instruite ne trouve pas de mari». Les mères, plus subtiles, leur apprennent l’art de la séduction, la seule arme laissée aux femmes depuis des millénaires: «Tu es intelligente, mais ne le montre pas trop. Quand tu sors avec un mec, interroge-le, laisse-le parler, écoute-le comme s’il t’apprenait des tas de choses… C’est encore la meilleure façon de plaire aux hommes. Ne parle pas de politique. Les hommes n’aiment pas que les femmes se mêlent de ça. Rien ne t’empêche d’avoir tes opinions, dans ton for intérieur.»

Il faut être jolie mais pas trop, «une femme trop belle fait peur aux hommes», attirante sans être provocante, savoir exactement quand mettre un terme aux effusions amoureuses de ses jeunes prétendants, de manière à passer ni pour une fille «facile» ni pour une fille «froide».

Il faut qu’une «femme complète» cultive son esprit, qu’elle soit intelligente mais pas trop et, si possible, qu’elle fasse preuve d’une intelligence de type intuitif plutôt que rationnel, qu’elle soit suffisamment instruite pour que les hommes la trouvent intéressante… mais sans exagérer.

Il faut bien entendu se préparer à être une parfaite ménagère, mais sans se laisser accaparer par les soucis domestiques, admettre qu’il est normal d’élever seule ses enfants, mais sans oublier par ailleurs de redevenir à cinq heures une épouse coquette, aimante et gaie :

«Ton mari revient fatigué du travail, alors, à cinq heures, tu ôtes ton tablier, tu te refais une beauté, le souper est là qui l’attend…»

Double standard, double jeu, dosages plus que subtils, équilibres précaires… Cet impossible idéal proposé aux adolescentes est littéralement inaccessible. Pour être une «vraie femme», une «femme complète», le dosage d’attitudes et de comportements constitue une entreprise épuisante, risquée, toujours vouée à l’échec.

* Étudiante en première année mastère.

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