La sortie de la Grande-Bretagne de l’Union européenne (UE) n’est pas la crise de plus; elle peut être bien mieux la fin de la crise !
Par Farhat Othman
Rappelons-nous : depuis le début, la perfide Albion n’a jamais eu la veine européenne. C’est dans l’imaginaire britannique: se murer dans son quant-à-soi pour se préserver. Et cela a fait ses preuves et de quelle manière lors de la seconde déflagration mondiale.
De plus, si jamais les Britanniques arrivent à forcer leur nature et regarder hors de leur île, c’est vers le large atlantique que se portent en premier leurs regards, pas outre-Manche.
On sait ce que pensait le Général de Gaulle, visionnaire s’il en était, de l’adhésion britannique : il s’y est opposé; et elle ne devint réalité qu’en 1973, bien après son départ de la politique et même sa mort.
Aujourd’hui, si le vote populaire britannique est à près de 52% pour le départ de l’Union, cela ne fait que confirmer que la Grande-Bretagne n’avait déjà pas sa place dans l’Union, étant surtout soucieuse de ses intérêts propres.
Aucun Européen convaincu n’oubliera, par exemple, le honteux «I Want my money back» («qu’on me rende mon argent») lancé par Margareth Thatcher à un moment où le monde et l’Europe n’étaient pas en aussi mauvaise posture qu’aujourd’hui, en mesure de se désintéresser de matérialité pour un peu plus de ce dont manquait et manque toujours le monde cruellement : de solidarité.
Une chance pour enraciner l’Europe en Méditerranée
C’est ce que peut amener à l’Europe, paradoxalement, la sortie de l’enfant terrible britannique : qu’elle se recentre sur sa vocation méditerranéenne et qu’elle s’ouvre aux pays de la rive sud.
Que l’Union profite donc de ce supposé séisme pour recentrer sa politique vers le Maghreb, et qu’elle ose enfin faire ce que le bon sens impose : proposer à la Tunisie et au Maghreb l’adhésion formelle. Car ces deux pays sont déjà structurellement dans l’Europe : la Tunisie économiquement et le Maroc territorialement du fait des présides Ceuta et Melilla.
L’Europe peut relever judicieusement le défi de la sortie de la Grande-Bretagne en la remplaçant par la Tunisie et le Maroc. Que le «leave» britannique se transforme donc en «welcome» pour les Tunisiens et les Marocains!
Ainsi la crise sera atténuée par une salutaire révolution mentale permettant à l’Europe de renouer avec ses fondamentaux et sa vocation méditerranéenne! Ainsi fêtera-t-elle dignement l’année prochaine le soixantième anniversaire du Traité de Rome en revenant de la plus belle façon à la devise de l’Europe.
En effet, elle rompra avec la bureaucratie de Bruxelles et l’ineptie de la Banque centrale européenne de Francfort pour prendre enfin en considération les intérêts des peuples.
La devise «In varietate concordi» ne suppose-t-elle pas la solidarité entre peuples et démocraties? Or, on ne peut séparer ceux de l’Union de ceux du Maghreb, étroitement imbriqués nolens volens; et plus particulièrement la Tunisie d’aujourd’hui.
Et si la Tunisie aidait à l’Europe de demain en osant d’ores et déjà proposer son adhésion !
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