Hôpital Sahloul de Sousse.
Les décisions du ministre de la Santé Saïd Aïdi contre des responsables à l’hôpital Sahloul à Sousse ont suscité la colère du corps médical dans la région.
Pour certains médecins, le ministre de la Santé cherche seulement à faire tomber des têtes à Sousse car l’enquête sur les stents périmés n’a duré même pas une semaine, a été expéditive et les sanctions infligées à Assia Boughzala, Fehmi Remadi et Elyes Neffati n’ont rien à voir avec les malversations constatées dans le cadre de l’enquête sur l’utilisation des stents périmés dans les cliniques privées.
«Il s’agit de 2 stents périmés utilisés dans la salle de cathétérisme de l’hôpital Sahloul, restée fermée 5 mois en 2015, par la faute des autorités», a indiqué Dr Abdelmajid Mselmi, un médecin de Sousse à Kapitalis. Et d’ajouter que le ministre de la Santé a toujours eu un problème avec le corps médical de la région contre lequel il a souvent pris des décisions expéditives et sévères.
Saïd Aidi a, en effet, commencé, il y a un peu plus d’un an, au lendemain de l’attaque terroriste de Sousse, par limoger Dr Nejib Karoui, le chef de service Samu 03, qui a refusé d’appliquer ses instructions relatives au transport des victimes de cet attentat entre Sousse et Tunis au risque de priver son propre service de véhicules.
Il y a quelques mois, Dr Aidi a sanctionné un autre médecin. «Il s’agit de Dr Faouzi Limayem, chirurgien cardio-vasculaire thoracique, traduit devant un conseil de discipline qui a décidé de le muter à l’Ariana. Il s’agit, autrement dit, d’une mise au frigo. Et on a appris, samedi, que des sanctions ont été prises à la hâte contre 3 responsables qui n’ont rien à voir avec l’affaire des stents périmés utilisés par des cliniques privées», a précisé Dr Mselmi . Et d’ajouter: «Si on a découvert l’utilisation de 2 stents périmés à l’hôpital de Sousse, on prendrait le temps d’enquêter pour connaître les circonstances dans lesquelles cette erreur a pu être commise et déterminer rigoureusement les responsabilités. Le ministre Aidi a préféré prendre des sanctions rapides et irréfléchies».
Un autre médecin, exerçant également à Sousse, a précisé à Kapitalis que l’enquête menée minutieusement par la Caisse nationale d’assurance maladie (CNAM) a abouti à la conclusion qu’aucune clinique privée de Sousse n’a utilisé des stents périmés. «Au-delà de l’utilisation de 3 stents, on pourrait parler de faute, mais en dessous de ce nombre, des accidents du genre peuvent avoir lieu par manque de vigilance. Et puis que représente l’utilisation de 2 stents dans un hôpital où l’on pose plus de 3000 stents par an», a encore plaidé le médecin.
La levée de bouclier des médecins après les sanctions infligées aux 3 médecins de Sousse ne tient-elle pas d’une forme de corporatisme? Réponse du praticien: «Cela me semble normal. Reste que cette tempête va, au final, permettre de mettre de l’ordre dans le métier pour qu’il n’y ait plus de dépassement. Mais, franchement, les sanctions décidées contre Dr Boughezala et ses confrères à Sahloul sont inadmissibles. S’il y a un dépassement, c’est le ministre qui l’a commis en gardant le silence pendant plusieurs semaines après le déclenchement du scandale des stents périmés utilisés par les cliniques privées».
Z.A.
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