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Le Musée de la Révolution à la recherche d’un contenu patrimonial

Sidi Bouzid célèbre, aujourd’hui, 17 décembre 2016, le 6e anniversaire du déclenchement de la révolution tunisienne. Un musée national doit préserver cette mémoire.

Par Habib Trabelsi

Des spécialistes en muséologie, des étudiants-chercheurs en patrimoine et des représentants de la société civile vont s’atteler à la préparation du contenu patrimonial du «Musée de la Révolution» à Sidi Bouzid, dont la pierre inaugurale a été posée depuis un an mais dont la construction est encore au point mort.

Le musée projeté devrait être érigé sur le lieu de l’auto-immolation par le feu, il y a 6 ans jour pour jour, de Mohamed Bouazizi, l’icône malgré lui de la révolution tunisienne qui devait ensuite déclencher ensuite le «Printemps arabe», encore à la dérive.

Mettre la charrue avant les bœufs

Le Laboratoire du Patrimoine relevant de la Faculté des lettres de la Manouba a organisé, en collaboration avec l’Association tunisienne d’action culturelle de Sidi Bouzid et la fondation Rosa Luxembourg, jeudi et vendredi, 15 et 16 décembre 2016, au complexe culturel de Sidi Bouzid, une journée d’étude sur le thème : «Le contenu du musée national de la révolution à Sidi Bouzid».

Les participants à ce colloque – notamment les représentants de la société civile, désormais principale gardienne du patrimoine culturel national en péril – ont fait des propositions sur le contenu du patrimoine matériel et/ou immatériel de ce musée.

Parmi les participants, des représentants d’associations culturelles et patrimoniales dans les différentes délégations de Sidi Bouzid mais aussi dans les gouvernorats de Gafsa et Kasserine.

Les participants espèrent «contribuer à la sensibilisation de l’importance du musée dans la préservation de la mémoire nationale», a déclaré à Kapitalis le Doyen de la Faculté des Lettres, des Arts et des Humanités de la Manouba (Flahm), Habib Kazdaghli.

«Ces journées d’études sont aussi une manière de dire qu’on peut sauvegarder la mémoire nationale et en même temps faire de ce patrimoine révolutionnaire un projet de développement durable pour une région encore sinistrée», a ajouté M. Kazdaghli.

Ce colloqué fait partie d’une série d’activités à caractère culturel et économique dont les préparatifs ont démarré depuis le mois de juillet pour célébrer le 6e anniversaire de la «Révolution du jasmin», dont l’étincelle a été déclenchée, le 17 décembre 2010, par l’immolation de ce vendeur ambulant excédé par la précarité et les brimades policières. Son geste devait provoquer une onde de choc et culminer, le 14 janvier 2011, avec la chute de l’ancien président Zine El Abidine Ben Ali.

Pour mettre fin à une polémique autour de la date de la Révolution, l’Assemblée nationale constituante (ANC) avait décrété le «17 décembre 2010-14 janvier 201» comme date officielle.

Remettre aux calendes grecques

La pierre inaugurale du Musée de la Révolution avait été posée lors d’une cérémonie officielle, le 17 décembre 2015, par l’ancienne ministre de la Culture, Latifa Lakhdhar, en présence notamment de représentants du Quartet et lauréat du prix Nobel de la paix 2015.

Il avait également été décidé de consacrer un terrain où sera érigé le musée dont les travaux de réalisation ont été programmés au titre du budget 2016, mais qui risquent d’être remis aux calendes grecques.

Cité mardi par la presse, le secrétaire général de l’Union régionale du travail, Mohamed Lazhar Gamoudi, a vivement déploré que le processus de développement dans le gouvernorat de Sidi Bouzid soit entravé en dépit de l’engagement des gouvernements successifs à le favoriser.

Selon lui, «la situation se dégrade davantage et aucune réalisation remarquable n’a été enregistrée malgré les revendications persistantes des habitants des différentes délégations du gouvernorat de Sidi Bouzid».

«La situation n’est pas catastrophique», devait aussitôt rectifier le gouverneur de Sidi Bouzid, Mourad Mahjoubi, en mettant en exergue la réalisation de «petits projets», dont le raccordement en eau potable et les travaux d’extension dans les hôpitaux et les centres de santé de base.

«La Tunisie a réussi la transition démocratique mais l’objectif de développement global et d’amélioration de la situation économique n’est pas encore atteint», a-t-il déclaré à l’agence Tunis Afrique Presse.

Parmi les «grands projets» de développement global à Sidi Bouzid, le gouverneur a cité celui de gaz naturel, dont les travaux doivent être lancés en avril prochain et l’autoroute Tunis-Jelma, dont les travaux doivent démarrer en 2018, en principe.

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