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Avec Théosophie, Jihed Khmiri réinvente le chant liturgique

Theosophie Jihed Khmiri

Théosophie, premier projet personnel du jeune musicien et compositeur Jihed Khmiri, est une expérimentation musicale qui marie le chant soufi aux sonorités électro-rock.

Par Fawz Ben Ali

Après des études de musicologie de l’Institut supérieur de musique de Tunis (ISMT) et après avoir fait le tour des grands festivals de musique (Festival international de Carthage, Festival international de Hammamet, Journées musicales de Carthage…) aux côtés d’artistes tunisiens et étrangers, Jihed Khmir s’est lancé en 2014 dans une première aventure musicale personnelle. Prenant les commandes derrière ses percussions, il s’entoure d’Ayoub Rekik à la guitare électrique, Trappa aux machines, Mohamed Ali Chebil et Mahmoud Turki au chant.

Une musique divine pour public intergénérationnel

Le groupe dont le nom fait référence à une philosophie à travers laquelle l’être humain tente de connaître le divin et les mystères de la vérité, a donné un dernier concert, samedi 21 janvier, à la salle le Rio, à Tunis. C’est ce qu’avait annoncé le leader du groupe, le jour même, sur sa page Facebook. Le projet prend donc fin là où avait eu lieu son premier live.

Un public intergénérationnel est venu savourer la dernière performance qui fût à la hauteur de ces trois années de recherche et d’improvisation musicales continues.

Dès son entrée sur scène, le groupe captive immédiatement par une célébration religieuse initiatique faite de louanges à dieu et à son prophète, interprétée par un chœur à l’unisson, celui de Mohamed Ali Chebil et Mahmoud Turki, dont les voix puissantes montent depuis les entrailles, offrant des tonalités nuancées apaisantes et réconfortantes, pour un moment de communion avec le public qui écoutait religieusement.

L’ambiance grimpe d’un cran avec les battements des percussions qui s’imposaient de plus en plus, volant la vedette aux grands tambours «tar» et «daf» qui accompagnaient habituellement les litanies.

Ces rythmes effrénés et intenses, orchestrés par Jihed Khemiri, étaient ornés par les riffs de la guitare électrique d’Ayoub Rekik. Une composition qui transporte vers une ivresse spirituelle, frôlant la transe.

Theosophie de Jihed Khmiri

Libération du chant liturgique

Cette expérimentation, née d’une recherche de longue haleine, se veut une libération du chant liturgique, normalement réservé aux mosquées ou aux confréries, pour le retranscrire dans le langage de notre époque.

Théosophie s’est en effet frayé un chemin musical en dehors des conventions et des normes admises en explorant de nouvelles visions dans les hautes sphères mystiques. Chaque note, chaque silence et chaque composition inscrit et décrit l’ascension recherchée.

Cette expérience ouverte aux diverses cultures était un lieu de rencontre pour des références interculturelles diverses mettant les textes d’antan au goût du jour grâce à l’improvisation et la virtuosité des musiciens.

Que ce soit sur les sonorités électro, rock ou trip-hop, les musiciens et chanteurs de Théosophie, qui se sont offert un dernier concert impressionnant malgré sa brièveté (la performance n’avait duré qu’une heure), ont convaincu et ému les quelques 100 personnes présentes. Le projet a ainsi marqué la fin d’une expérience qui n’aura duré que 3 ans. Jihed Khemir promet une prochaine aventure musicale encore plus palpitante.

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