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Gerd Müller : «Aidons la Tunisie qui fait face à une menace terroriste réelle»

Gerd Müller a accordé une interview au ‘‘Der Tagesspiegel’’ où il appelle à soutenir les pays du Maghreb dont la Tunisie. Nous en traduisons des extraits.

Traduit de l’anglais par Marwan Chahla

Der Tagesspiegel: Les ministres de l’Intérieur et de la Justice souhaitent que l’Allemagne réduise son aide au développement aux pays qui refusent de recevoir leurs ressortissants demandeurs d’asile qui ont été boutés. Est-ce une bonne idée?

Gerd Müller(1): La coopération dans le domaine du développement en Afrique du nord signifie créer des opportunités de formation professionnelle, soutenir des communautés autrement abandonnées et promouvoir l’agriculture. Or, décider de se désengager de ce type de coopération affecterait encore plus les populations les plus démunies et les condamnerait au désespoir total. Et cela générerait de nouveaux problèmes.

Il est tout à fait crucial que les pays du Maghreb réalisent leur stabilité économique et politique. Si nous ne faisons pas cela, la pression de la crise des réfugiés n’en sera que plus forte.

Le Maroc et la Tunisie sont confrontés à une menace terroriste réelle. N’oublions pas que, dans le cas tunisien, l’industrie du tourisme a subi un coup dur, ces dernières années. C’est pour cette raison que les autorités de ces pays ont un grand intérêt à coopérer avec l’Allemagne, notamment dans le domaine de la lutte contre le terrorisme islamiste. A titre d’exemple, nous nous sommes accordés d’établir en Tunisie et au Maroc des centres de retour. Dans ces établissements, les demandeurs d’asile dont la requête a été rejetée par l’Allemagne auront droit à un soutien concret qui leur permettra de redémarrer dans la vie, dans leur pays.

Cette question des «centres de retour» n’a jamais cessé d’occuper une place centrale dans le débat politique en Allemagne. Ne sommes-nous pas en train de parler, une nouvelle fois, de camps d’accueil?

Je ne parle pas de camps. Il est de notre devoir de donner une chance aux demandeurs d’asile boutés de retourner dans leur pays d’origine de leur plein gré, avant que la procédure de leur extradition ne soit complétée.

Les Marocains et les Tunisiens n’ont aucune chance d’être reconnus comme étant des demandeurs d’asile. Par conséquent, ils ne rentrent dans leurs pays de leur propre chef, car ils y retourneraient en perdants qui ont été arnaqués par des trafiquants. C’est pour cette raison que nous leur offrirons une chance de faire partie de programmes d’emploi, par exemple.

Il s’agit, tout de même, de criminels. Pensez-vous qu’il soit raisonnable de renvoyer ces jeunes dangereux dans des pays qui sont déjà fragiles?

Sur ce point, je voudrais apporter une précision importante: que l’on sache que 99% des réfugiés ne sont pas des criminels. Il est vrai qu’il y a, en Allemagne, un petit nombre parmi eux qui sont des criminels ou qui ont été radicalisés. C’est le cas, par exemple, d’Anis Amri, le jeune Tunisien qui a perpétré l’attaque de Berlin. C’est pour cette raison que chaque pays doit faire son travail.

La Tunisie a ce grave problème de sa jeunesse radicalisée sur les bras. Dans ce pays, c’est le taux élevé du chômage qui est la cause principale de la recrudescence de ce phénomène. Cependant, par ailleurs, la Tunisie est un pays qui est sur la bonne voie. Plus de 300 entreprises allemandes y opèrent et elles réalisent de bons résultats.

Les deux pays [la Tunisie et le Maroc, ndlr], aussi bien que l’Algérie et l’Egypte, ont accueilli un grand nombre de réfugiés. L’Egypte, à elle seule, en héberge près de 3 millions. Le Maroc accueille chaque année près de 30.000 Africains en provenance de la région subsaharienne – ainsi que la Tunisie. Tous ces pays, donc, sont en train de payer le prix… Nous avons tout intérêt à ce que ces pays soient stables.

Note:
(1) Gerd Müller, ministre fédéral allemand de la Coopération économique et du Développement, depuis décembre 2013, appartient à l’Union chrétienne-démocrate en Bavière, membre de la coalition gouvernementale dirigée par la chancelière Angela Merkel.

Source: ‘‘Euractiv’’.

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