Akua Naru / Sabry Mosbah.
Le festival Jazz à Carthage a clôturé en beauté son 12e épisode, le dimanche 9 avril 2017, avec une soirée tuniso-américaine.
Par Fawz Ben Ali
Après une semaine riche en musiques et haute en couleurs avec des artistes internationaux, dont la plupart se produisaient pour la première fois en Tunisie, ce fut au tour de l’étoile montante Sabry Mosbah et la nouvelle icône du hip-hop Akua Naru.
Les mélomanes tunisiens ont répondu en masse à cet ultime concert qui s’est donné à guichets fermés.
Les mélodies locales réinventées
Entouré de ses musiciens et armé de sa guitare acoustique qu’il ne lâche quasiment jamais, Sabry Mosbah, l’unique représentant de la musique tunisienne dans cette édition, a ouvert le bal avec ‘‘Mouch menni’’ et fût chaleureusement accueilli par le public qui lui a même réservé des youyous.
Après des débuts aux côtés de Hatem Karouï dans le projet slam ‘‘Kif-kif’’, le fils de l’illustre chanteur tunisien Slah Mosbah, se dédie entièrement à sa passion qu’est le chant et la guitare et se lance en solo où il se fait connaître notamment grâce aux kitch-sessions, des vidéos de performances acoustiques postées sur Youtube.
Si le jeune chanteur a hérité la voix puissante de son père, il ne suit cependant pas la même trajectoire musicale, car c’est plutôt dans les vibrations de la guitare et l’univers folk-rock qu’il puise son inspiration.
Ce soir-là, on a eu droit à quelques compositions personnelles comme ‘‘Mansit’’ et ‘‘Sayed Lasyed’’ mais surtout à des reprises modernes du patrimoine tunisien comme ‘‘Baba Jalloul’’, ‘‘Ya nas jaratli gharayeb’’, ‘‘Irdha alina’’… cette démarche artistique pour réinventer les mélodies locales s’avère une formule qui marche et qui fait que Sabry Mosbah ait toute sa place sur la nouvelle scène musicale alternative tunisienne.
Ayant déjà fait ses preuves dans les plus grands festivals tunisiens comme les Journées musicales de Carthage (JMC) ou le Festival international de Hammamet, le jeune chanteur et musicien force encore une fois l’admiration du public sur la majestueuse scène de Jazz à Carthage, là où on a vu défiler les plus grands noms de la musique internationale.
Assurer la première partie d’Akua Naru représente certainement une étape importante dans la carrière de Sabry Mosbah, cette étoile montante dans le paysage musical tunisien.
Du hip-hop féminin et poétique
L’ambiance est montée d’un cran en deuxième partie de soirée avec Akua Naru, qui nous vient tout droit des Etats-Unis.
Après un concert exceptionnel en 2015 dans le cadre de la 10e édition du Jazz à Carthage, le public tunisien attendait impatiemment de retrouver la compositrice, poétesse et interprète américaine. Un chant suave, une mélodie entraînante et des messages forts, tel est la clé du succès d’Akua Naru qui s’est trouvé une belle place dans le cercle très sélect du hip-hop américain. Dès les premières minutes, Akua Naru a captivé la salle entière avec son peps et ses rythmes endiablés; il faut dire que ce bout de femme se transforme en véritable boule d’énergie dès qu’elle met les pieds sur scène.
Appuyée par ses talentueux musiciens, Akua Naru a su encore une fois séduire ses fans tunisiens en les entraînant dans diverses cultures musicales, tout en revendiquant haut et fort son l’héritage afro-américain.
Que ce soit en rappant ou en chantant, Akua Naru a défendu ce soir un hip-hop féminin, poétique et social, mâtiné de jazz, de soul et de funk. Le public ne pouvait qu’être sous le charme, surtout à l’écoute de la perle de la discographie de l’artiste, ‘‘Poetry’’, un morceau résolument plus intense et émotif, qui l’avait fait révélée au monde entier en 2011.
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