La Tunisie n’a plus le droit de négliger le marché touristique israélien et une ligne Djerba-Tel Aviv pourrait aider à impulser les flux touristiques israéliens vers la Tunisie.
Par Farhat Othman *
La dernière visite de travail du chef du gouvernement au Maroc a été assurément l’occasion pour M. Chahed de méditer l’exemple marocain dans la gestion de ses intérêts économiques et sa façon de distinguer le commerce de la politique.
Plus particulièrement, l’expérience originale marocaine consistant à avoir une ligne aérienne reliant le Maroc à Israël malgré l’absence de relations diplomatiques mérite de retenir toute l’attention de nos autorités.
Le gouvernement tunisien, en quête de relance du secteur touristique, ne trouverait pas meilleur moyen de drainer les touristes vers notre pays qu’une ligne directe, via Paris, entre Djerba, dont on connaît l’importance pour la communauté juive, et Tel-Aviv.
L’expérience marocaine
Malgré l’absence, non seulement de relations diplomatiques avec Israël, mais aussi du moindre accord aérien, le Maroc a toujours su développer ses relations économiques avec l’État hébreu sans aucun complexe.
Ainsi, et jusqu’en 2004, il y a eu une liaison directe entre Tel Aviv et Marrakech. Suspendue à l’occasion de la deuxième Intifada dans les territoires occupés, cette ligne vient d’être rétablie sans qu’il y ait eu de changements dans les relations politiques et diplomatiques entre le royaume et Israël.
S’agissant de la difficulté manifestée par l’absence d’accord en matière de transport aérien entre les deux pays, cela a été juridiquement aplani en prévoyant une escale en Europe (à Madrid, en Espagne, ou à Catane, en Sicile) avant de relier le Maroc. Ainsi, les passagers obtiennent de nouveaux billets lors de l’escale, mais ils ne changent pas d’avion, le vol étant ainsi direct malgré ce détail technique.
L’actuelle ligne est provisoirement hebdomadaire reliant alternativement Tel Aviv à Casablanca, une semaine et Marrakech, la semaine d’après dans le but de permettre aux passagers de faire l’aller vers une ville et le retour de l’autre.
Les premiers résultats commerciaux semblent assez concluants pour envisager, malgré les bisbilles politiques, des vols réguliers à plus grande cadence entre le Maroc et Israël. Et c’est tout bénéfice pour le tourisme marocain, grand concurrent de celui de la Tunisie.
Soutenir le réveil touristique tunisien
Une initiative similaire à celle du Maroc est non seulement possible en Tunisie, mais impérative même étant de nature à donner un coup de fouet salutaire à notre économie en plus du coup de massue nécessaire au dogmatisme de certains qui continuent de faire commerce de la cause de Palestine.
Ce serait d’autant plus significatif que l’on commence à enregistrer un frémissement dans le secteur touristique, notre pays, aux derniers indices, affichant, auprès des agences de voyages françaises, une progression des réservations de 172% par rapport à l’année dernière. Certes, on revient de loin, mais cela ne peut que réjouir le secteur dont les atouts ne manquent pas.
C’est dans ce cadre que rentrerait une offensive sans complexe à oser en ciblant les touristes juifs venant d’Israël en Tunisie ou s’y rendant à partir de Djerba. De la sorte, on ne se contentera plus de l’embellie annuelle de la fête de la Ghriba pour renforcer nos recettes touristiques. On réussira même le tour de force de faire se tenir le pèlerinage tout au long de l’année et non seulement vers Djerba, mais vers toute la Tunisie.
Quel dynamisme donner aussi à la ligne partant de Djerba pour tous les Tunisiens de la région, surtout avec une escale à Paris sur son parcours vers Israël!
Dans le cadre de son ouverture à de nouveaux marchés, comme celui de la Russie et de la Chine, la Tunisie n’a plus le droit de négliger plus longtemps le marché israélien où notre pays bénéficie d’une cote d’amour certaine du fait de l’amour que lui portent ses enfants juifs.
Outre le marché subsaharien, c’est donc ce marché qu’il nous faut conquérir d’urgence avant que la concurrence marocaine ne rafle tout sur son passage sans rien nous laisser, même pas des miettes, malgré tous les atouts touristiques tunisiens qui sont loin d’être minimes.
* Ancien diplomate.
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