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L’énergie en Tunisie : Ressources en baisse, déficits en hausse

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Les ressources énergétiques de la Tunisie s’amenuisent, mais le gouvernement tarde à mettre en œuvre les mesures correctives nécessaires.

Par Imed Bahri

On surestime habituellement les ressources énergétiques tunisiennes qui sont beaucoup plus faibles que celles de ses deux voisins immédiats, l’Algérie et la Libye. Pis encore : ces ressources n’ont cessé de baisser au cours des deux dernières décennies.

Selon Nouri Fethi Zouhair, professeur en sciences économiques à la Faculté des sciences économiques & de gestion de Tunis et spécialiste réputé dans les questions énergétiques et financières, la part des hydrocarbures dans le PIB de la Tunisie «n’a cessé de se dégringoler passant de 6% en moyenne au cours des deux dernières décennies à 4,5% en 2016.»

Stagnation des revenus, explosion de la subvention

Dans un article publié dans le ‘‘Billet économique n°38’’, de septembre 2017, publié par le département ‘Recherches’ de l’intermédiaire en Bourse Mac SA, intitulé «Energie: La chasse au gaspillage», le sous-directeur du laboratoire de recherche en microéconomie appliquée (Larma) fait remarquer, également, que les revenus des hydrocarbures, qui occupaient une place importante dans les ressources ordinaires de l’Etat, ont atteint 29% de ces ressources au cours de la période de l’âge d’or des découvertes, c’est-à-dire dans les années 1970-1980, avant de fléchir à 13% ces dernières années.

«Les recettes pétrolières assurent en moyenne 1,6 % de la pression fiscale totale estimée à 21%», souligne Nouri Fethi Zouhair. Il ajoute : «L’argent du pétrole a bien servi à financer 56% des investissements publics au cours de la décennie 70-80 pour baisser à 27% dans la décennie suivante afin de se stabiliser à 13% ces dix dernières années.»

Le chercheur fait aussi remarquer que «les revenus pétroliers n’ont augmenté que de 10% en moyenne au cours de la période 2004-2014, alors que les subventions connaissaient une montée vertigineuse enregistrant une hausse moyenne de 27% par an, et un pic de 3 milliards de dinars en 2013, plaçant le déficit budgétaire à 6,9%, seuil rarement atteint par le pays.»

Dans le même temps, «le taux de couverture des dépenses de subvention par les recettes des hydrocarbures est tombé à 44% en 2016, après avoir atteint 72% entre 2004-2010 augmentant l’inquiétude des trésoriers de l’Etat», souligne l’expert, qui déplore, par ailleurs, que les subventions du carburant, qui grèvent dangereusement les ressources de l’Etat, profitent davantage aux riches qu’aux pauvres, les premiers consommant généralement plus d’énergie.

Des réformes salutaires, mais toujours reportées

En effet, selon les chiffres contenus dans une étude du FMI cités par Nouri Fethi Zouhair, 20% des plus riches perçoivent 67% des subventions allouées aux essences et au pétrole lampant et le gaz oïl détournés pour usage commerciale. Et touchent 60 % des subventions au diesel. «Quant aux ménages aux revenus les plus bas, ils ne bénéficient que de 2% des subventions allouées à l’essence et au diesel. Au niveau de l’électricité, les ménages aux revenus les plus bas bénéficient de 13% des subventions, contre 29% au profit des ménages aux revenus les plus élevés», souligne-t-il encore.

Pour faire face à cette situation, la Banque mondiale (BM) a suggéré aux autorités tunisiennes la refonte du système de subvention et proposé deux solutions : la suppression des subventions des produits pétroliers ou leur élimination progressive.

A en croire les experts, «l’effet de ces réformes à réaliser sur 5 ans (2014-2018) boostera la croissance de 0,21% pour la première hypothèse et résultera essentiellement de l’évolution des investissements de 12,5% et d’une baisse moyenne de 48% du déficit public», indique le chercheur, mais le gouvernement, qui fait pourtant face à de gros problèmes de financement public, ne semble pas se hâte de mettre en œuvre ces solutions, impopulaires s’il en est et qui risquent de provoquer une hausse des prix à la consommation et une grogne sociale.

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