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Octobre musical : Lumineuse Nour au piano !

Surprise, surprise ! Elle est jeune, à peine 18 ans et en paraît moins, Nour Ayadi, pianiste marocaine, se produit pour la première fois en Tunisie. Et elle enchante le public.

Par Hamma Hanachi

Latifa Akhabarbach, ambassadrice du Maroc, l’a présentée en termes élogieux aux amateurs de la musique classique venus en nombre à l’Acropolium de Carthage, le vendredi 13 octobre 2017.

Sur une voie royale

Malgré son jeune âge, la pianiste a labouré son champ et parcouru du chemin, invitée à des festivals en France, Pologne, Autriche, Italie… Diplômée du Conservatoire national supérieur de musique de Paris, elle est lauréate de prestigieux prix dont celui très convoité de Lalla Meryem.

Elle entre en scène à pas légers, en majesté, silhouette élancée, souriante, élégante, cheveux longs et noirs, robe longue noire… Tout chez elle est fait pour éveiller les regards. Révérence appuyée, applaudissements, la mise en forme est soignée. Silence et attention.

Nour prend la pièce à bras le corps et décolle.

Nour empoigne résolument le piano et prend le départ avec la ‘‘Barcarolle’’ (le nom provient des chants des gondoliers vénitiens) de Chopin op. 60 pour piano seul, composée en 1835, aux airs connus et que beaucoup affectionnent. «D’un lyrisme magnifique, tout italien», dira Ravel à propos de cette œuvre, forcément lyrique (on est chez Chopin), elle est parée de motifs colorés et animée par un caractère ornemental dans les modifications rythmiques : une voie royale pour épater le public.

Accrochée à ses notes, sa tête, sa chevelure se meut dans la direction, selon les aigus et les graves. Une ardeur se dégage de son jeu. Est-elle influencée, a-t-elle trop regardé jouer la grande Martha Argerich ? Sitôt le dernier mouvement fortissimo terminé, un tonnerre d’applaudissements retentit. La pianiste saisit son public, mais le plus dur reste à venir : Liszt est sur la liste. Après une lecture de Dante.

Avant d’entrer au paradis

C’est une sonate en un seul mouvement (1849), la pièce est divisée en deux sujets l’Enfer et le Paradis (pas de purgatoire ici), où l’on rencontre les tritons, les diables avant d’entrer au paradis.

Accrochée à ses notes, une ardeur se dégage de son jeu. 

La pièce est l’une des plus redoutables du répertoire pianistique, 15 minutes sans relâche, Nour en rajoute trois. Elle se déploie avec fougue et grâce à la fois, sans s’abandonner, les sonorités sont denses et subtiles d’une qualité évidente, un ton virtuose. L’attaque pour escalader le paradis est exacerbée, sans fugue ni lourdeur, Nour marque les changements de l’aigu au grave en appuyant sur les gestes charmeurs. Sa version est volontariste même si le jeu est maîtrisé, elle montre sans mesure qu’elle est en pleine possession de ses moyens, excès de séduction? Le public est aux anges, le paradis n’est pas loin. Entracte.

Toujours souriante, Nour tutoie Beethoven et se frotte au plus tendu du répertoire, la sonate pour piano n°23 dite ‘‘Appassionata’’ (en 3 mouvements), décrite comme la plus difficile à jouer, la plus «impétueuse» selon son auteur.

Nour prend la pièce à bras le corps et décolle, se démène et en illustre les variations, les nuances et la fougue. Imaginez l’enthousiasme du public, le bis est attendu. Un prélude de Rachmaninov.

Ce soir-là, la jeune musicienne a répandu la lumière tout en accueillant les effets et les reflets méritant son nom : Nour.

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