Irrésistible en Tunisie, l’Espérance reste friable sur le plan africain.
L’Espérance sportive de Tunis (EST) peut terminer avec son effectif actuel largement en tête du championnat, ce qu’elle a d’ailleurs fait avec 11 points d’avance sur son adversaire immédiat, mais passé en Ligue des champions, cela devient problématique.
Par Hassen Mzoughi
Le club de Bab Souika peut se targuer d’une mention «bien» à l’issue de la saison 2017-2018, grâce à son 28e titre de champion, remporté officiellement hier, jeudi 10 mai 2018, au stade de Radès.
L’EST, avec ses quelques 26 millions de dinars tunisiens (MDT) de budget annuel, la moitié fournis par le président du club Hamdi Meddeb, et 18 MDT consacrés à la seule équipe seniors, espère briller en Champion’s League, cette année.
Plus que jamais, c’est factuel : dans le championnat de Tunisie, personne ou presque ne semble être en mesure de faire trembler l’EST. Quelques sorties de route en cours de saison, quelques exploits des adversaires sur-motivés et pour le reste, le club de la capitale ne se laisse pas distancer malgré une crise relativement longue cette saison à la suite de l’échec en Ligue des champions, l’épreuve reine pour les dirigeants, les joueurs et les supporteurs.
L’esprit club
Evidemment deux lectures à cette saison «sang et or». La première consiste à dire qu’avec un deuxième titre national consécutif, ils ont maîtrisé leur championnat. Mais ratant et la Coupe de Tunisie et la Ligue des champions.
L’autre lecture serait de dire que l’EST a fait le boulot face à des adversaires à sa portée. Car force est de constater qu’elle n’était pas confrontée à une forte opposition (11 points d’avance sur le second), ses concurrents directs n’ayant pas été en mesure de franchir le palier, car insuffisamment sereins et solides.
La différence a justement été réalisée dans la difficulté. L’EST a vécu la crise suite à son élimination en quart de finale de la Ligue des champions, comme l’Etoile sportive du Sahel (ESS), elle aussi tombée lourdement en demi-finale de l’épreuve majeure continentale, et comme également le Club sportif sfaxien (CSS) et le Club africain (CA), sortis en coupe de la CAF.
Mais à la différence de ces concurrents, l’EST a repris la cadence, la preuve que l’esprit club sert toujours à pousser vers l’avant. Alors que les trois autres se sont enlisés et ils traînent le boulet jusqu’à maintenant. Quand une contre-performance donne lieu à une guerre ouverte entre «les grosses têtes», les ego exacerbés l’emportent sur le consensus.
Et maintenant? Après les belles photographies, l’EST va devoir se plonger dans un nouveau mercato pour reprendre à rêver d’une nouvelle conquête africaine.
Beaucoup insistent, à raison, sur les défaillances en défense. Ce n’est pas tout. L’EST a besoin d’un play-maker et des renforts en attaque.
Besoin de sang neuf
Si la reconversion du latéral gauche, Khalil Chammam, en défenseur axial a «sauvé» la mise pendant la phase retour du championnat, cette «solution» a réglé la moitié du problème au centre de la défense. Ali Machani est de retour mais Frank Kom pourrait apporter une seconde solution en faisant la paire avec Khalil Chammam. Il serait aussi indiqué de doubler les postes des latéraux.
Avec le retour de Ghailene Chaalali après une longue absence, l’entre-jeu «sang et or» semble étoffé mais il devrait compter sur un play-maker de qualité, Saad Bguir, Youssef Blaili, Anis Badri voire Mohamed Ali Moncer n’ont pas l’étoffe pour ce profil qui n’existe pas en Tunisie.
Il serait également indispensable de doubler les postes de Taha Yassine Khenissi et Haythem Jouini dont les problèmes de santé, récurrents cette saison, handicapent l’équipe.
L’EST saura-t-elle régler tous ces dossiers cet été avant les grandes manœuvres de la Champion’s league ?
Pour conclure l’EST apparaît comme un champion à reconstruire, du moins à reconfigurer. Il a besoin de sang neuf à commencer par donner leur chance à de jeunes talents comme les milieux de terrain Mohamed Aziz Boucetta et Mohamed Ali Ben Romdhane. Rappelons, à ce propos, que Moez Ben Chrifia, Oussama Darragi, Youssef Msakni, Taha Yassine Khenissi et Youssef Blaili ont remporté la Ligue des champions 2012 à leur début avec l’EST.
L’Espérance peut terminer avec son effectif actuel largement en tête du championnat mais passé en Ligue des champions, cela devient problématique. Les «Sang et or» sont sûrs d’aller en quarts de finale de la grand épreuve africaine. Mais là ils auront affaire à des clients de gros calibres. Il faudrait mettre tous les atouts de leur côté pour aller au bout de leurs ambitions.
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