La nouvelle galerie d’art contemporain B7L9 à Bhar Lazreg, La Marsa, banlieue nord de Tunis, a accueilli le jeudi 27 juin 2019, le vernissage de l’exposition ‘‘Soap Opera’’ qui se poursuivra jusqu’au 30 septembre prochain. Une immersion dans l’univers très personnel et mystérieux d’Alex Ayed.
Par Fawz Ben Ali
Un public considérable, dont beaucoup d’artistes de divers horizons, a répondu présent à l’invitation de la galerie d’art B7L9 ce soir-là pour découvrir la première exposition personnelle du jeune artiste tunisien résidant à Bruxelles Alex Ayed.
On a été là malgré la peur et la détresse d’une journée particulièrement douloureuse pour la Tunisie, marquée par deux attentats terroristes et le silence persistant sur l’état de santé du président de la république Béji Caïd Essebsi, transporté depuis la matinée à l’hôpital militaire de Tunis.
Continuer malgré tout
Plusieurs festivals et autres manifestations culturelles prévus pour la journée ont été annulés ou reportés; mais la galerie B7L9, dirigée par la critique d’art Lina Lazaar, a tenu à maintenir malgré tout la date de l’événement, «Parce que l’art est aussi résistance, rejet de toute forme d’obscurantisme, et appel à la vie et au partage, nous maintenons le vernissage de ‘‘Soap Opera’’ d’Alex Ayed», avait-on annoncé.
Installée au cœur du quartier de Bhar Lazreg à la banlieue nord de Tunis, la galerie B7L9 avait ouvert ses portes en mars 2019; un ambitieux projet d’une station d’art imaginé et développé par la Fondation Kamel Lazaar, essentiellement dédié à l’art expérimental avec la volonté de promouvoir les échanges entres les artistes tunisiens et étrangers et d’impliquer les jeunes du quartier aux différentes activités proposées par la galerie qui comporte des espaces interconnectés et dont l’édifice se fait rapidement remarquer par une peinture extérieure zébrée.
Après l’exposition inaugurale collective ‘‘Climbing through the tide’’ ayant duré trois mois, la jeune galerie abrite en ce moment une exposition d’art contemporain qui sera aussi visible durant trois mois, signée Alex Ayed et conçue spécialement et exclusivement pour la galerie.
Diplômé des Beaux-arts de Paris, le jeune artiste a mis six mois entre inspiration, recherche et travail pour donner naissance à diverses pièces qui reflètent des rencontres, des expériences et des situations vécues, comme sa rencontre avec la musicienne Rehab Hazqui, l’une des pionnières de la musique électronique en Tunisie et qui collabore avec lui sur ce projet. «On s’était rencontré par hasard à Alger et j’avais décidé qu’elle ferait la bande-son originale de cette exposition», souligne Alex Ayed lors d’une brève interview accordée le soir du vernissage.
Un jeu de contraste et d’ambiguïté
La vaste salle d’exposition était déclinée en deux volets par l’artiste qui a souhaité jouer avec des contrastes d’ombre et de lumière et qui a embelli les lieux de sculptures, de tableaux, d’installations, d’assemblages… autour du thème de la superstition, de la magie et du surnaturel. Des pièces qui laissent les visiteurs assez perplexes en l’absence de toute description ou légende et qui les invitent plutôt à se faire sa propre interprétation.
Interrogé sur le mystère qui tourne autour de sa proposition artistique, le jeune artiste nous dit qu’il «travaille plus à complexifier les choses plutôt qu’à les expliquer».
On y retrouve du tissu, du métal, du plâtre, du marbre et même des insectes qui ont servi de matériaux pour l’exposition et qu’Alex Ayed a pu dénicher dans des souks ou des friperies avec l’aide des jeunes du quartier de Bhar Lazreg, «devenus un peu comme des assistants», se réjouit-il.
‘‘Soap Opera’’ est une exposition pensée comme un point de départ plus qu’une concrétisation ou un travail final; Alex Ayed préfère parler d’un «feuilleton en plusieurs épisodes» où le sens n’est nullement imposé, car les pièces interagissent entre elles et suggèrent de multiples moyens de réception.
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