L’Institut français de Tunisie (IFT) accueille en ce moment l’exposition «Hor-I-Zons» de l’artiste franco-tunisien Ridha Dhib, rétrospective en images d’un trait d’union de Paris vers Sousse, 3000 km à pieds en 4 mois…
Par Fawz Ben Ali
Ridha Dhib a entamé son «voyage» le 2 mais 2019 à partir de Paris, 4 mois après, le voilà arrivé à Sousse, sa ville natale, après avoir parcouru 3000 km à pied… Un pari gagné pour cet artiste plasticien franco-tunisien qui a souhaité tracer un trait d’union entre les deux rives de la Méditerranée, en particulier, la France et la Tunisie, deux pays auxquels il appartient.
Reprendre le chemin à l’envers
Diplômé de l’Ecole des beaux-arts de Toulon, installé en France depuis une bonne vingtaine d’années, Ridha Dhib s’est longtemps passionné de peinture avant de se lancer dans la recherche et l’expérimentation autour de ce qu’il appelle «la libération de la ligne du plan», sujet central de son dernier projet «Hor-I-Zons», que le public peut découvrir en ce moment à la galerie de l’IFT.
Il s’agit d’une démarche humaine et artistique autour du trait et de la double nationalité pour ce fils d’immigrés qui a éprouvé le besoin de faire le voyage à l’envers, c’est-à-dire du nord au sud, et inverser ainsi le sens classique de l’immigration. «Il n’est nullement question d’un retour aux sources mais d’inverser le chemin», souligne Ridha Dhib, lors d’une rencontre avec le public tunisien à l’IFT, à l’occasion de l’inauguration de son exposition.
Une année de préparation a précédé l’expérience, avec pas mal de doute, mais une fois l’aventure était entamée, il était hors de question de faire un retour en arrière, car il fallait tout simplement avancer, explique Ridha Dhib. «La marche est un moyen d’expression car le corps est comme un pinceau sur le chemin de la terre», ajoute-t-il. Il était question de tracer une ligne sur la carte et de l’effectuer avec le corps, travailler sur la notion de la ligne en tant que trace abstraite et ouverte d’un point de vue plastique, numérique et corporel.
Un sac à dos et une application boussole
En 4 mois, l’artiste marcheur est passé par 106 étapes de Paris à Sousse en passant par des villes italiennes; chacune de ces étapes s’est dessinée comme un nouvel horizon qu’il a pris en photo et envoyé à l’IFT sous forme de carte-postale, et ce à l’aide d’une application boussole installée sur son smartphone qui lui a servi dans la capture, le traçage et l’archivage de son parcours. «Toutes les photos sans exception sont prises sur une seule et même ligne : l’objectif est pointé vers la ville de Sousse, soit vers son vis-à-vis qui est mon atelier parisien», explique l’artiste.
Muni seulement de son sac à dos et téléphone mobile, Ridha Dhib nous a révélé qu’il a été accueilli par des communes, des centres d’art, des monastères, des airbnb (plateforme communautaire payante de location et de réservation de logements de particuliers) ou encore chez des personnes qu’il croisait sur son chemin. «Je marchais environ 33 km par jour (…) J’ai eu pas mal d’intempéries au début que je prenais avec joie», raconte l’artiste pour qui, il était important de percer ces chemins en mode solitaire. «La solitude permet l’ouverture (…) La nature de ma démarche facilite le rapport à autrui», explique le plasticien marcheur qui expose en ce moment les différentes cartes-postales «horizons» avec la ligne dans le plan, le geste et le mouvement.
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