L’ancien ministre du Développement, de l’Investissement et de la Coopération internationale, Fadhel Abdelkefi, estime que Nabil Karoui, candidat au 2e tour de la présidentielle, doit être libéré pour mener sa campagne électorale. «C’est mon ami, je l’aime et je crois en lui», a-t-il notamment dit, lors de son interview ce soir, lundi 26 septembre 2019, sur El-Hiwar Ettounsi.
Invité sur le plateau de « Tounes El-Youm« , animé par Myriam Belkadhi, Fadhel Abdelkefi a indiqué avoir voté pour Nabil Karoui au premier tour de la présidentielle et compte encore voter pour lui au 2e tour de ce scrutin, ainsi que pour son parti, Qalb Tounes, aux législatives du 6 octobre 2019.
Tout en affirmant que sa décision n’est pas dictée par son amitié avec Nabil Karoui, Fadhel Abdelkefi, a indiqué que ce dernier a su fédérer les gens autour de Qalb Tounes, qu’il a été là où l’Etat s’est absenté : «C’est un homme brillant et engagé et les gens semblent avoir oublié son engagement politique depuis 2011. Il y a une sorte d’amnésie», a-t-il dit.
«On se connaît depuis 25 ans et je lui fait confiance. Nabil Karoui est mon ami, je l’aime et je le respecte. D’ailleurs depuis ce plateau, je souhaite lui envoyer un message de soutien, d’amitié et de fraternité. Tiens bon !», a encore dit l’ancien ministre.
Fadhel Abdelkefi a aussi appelé à la libération de Nabil Karoui, par respect du principe de l’égalité des chances avec son concurrent au 2e tour de la présidentielle, Kaïs Saïed.
«D’ailleurs c’est sur la base de ce principe que j’appelle ce dernier à demander une concurrence sur terrain avec M. Karoui», a encore déclaré M. Abdelkefi, en assurant que la détention du candidat Qalb Tounes donne une mauvaise image de la Tunisie et dans le monde.
On rappellera au passage que Nabil Karoui est incarcéré depuis le 23 août dernier pour des affaires de corruption financière et de blanchiment d’argent. Et on présume que l’ancien ministre des Finances par intérim, et financier lui-même, n’est pas sans savoir la gravité des malversations reprochées à son «ami» de 25 ans.
«Je ne suis pas là pour blanchir Nabil Karoui et je fais confiance à la justice, mais Nabil Karoui doit être autorisé à mener sa campagne. Il a obtenu plus de 15% des voix en étant derrière les barreaux, il en aura bien plus en étant sur le terrain», a insisté M. Abdelkefi.
Interrogé par la chroniqueuse sur son éventuel nomination en tant que chef de gouvernement si Qalb Tounes gagnait les législatives, M. Abdelkefi a répondu que, contrairement à ce que certains disent, il n’y a aucun opportunisme dans sa solidarité avec Nabil Karoui.
«Cette proposition n’a pas été faite par Nabil Karoui, nous n’avons eu aucune discussion dans ce sens. Tout ce que je sais c’est que dorénavant je n’accepterai de poste de responsabilité que lorsque je suis convaincu de ma capacité à servir le pays», a-t-il précisé, en ajoutant : «Gérer la Tunisie aujourd’hui n’est pas un cadeau, mais il s’agit de notre devoir pour mettre la Tunisie sur la bonne voie».
Traduire: oui, si Nabil Karoui et Qalb Tounes me le demandaient, j’accepterais de diriger le gouvernement. Encore faut-il savoir s’il va boucher le nez pour ne pas sentir la puanteur que dégagera une telle décision de la part d’un «enfant de bonne famille», comme on le présente souvent.
On ne le sait que trop: le pouvoir fait tourner les têtes les mieux faites, et la politique, quand on l’aborde par le ressentiment et le désir de vengeance (et dans ce cas de Youssef Chahed), on ne fait plus attention à la marche et on se casse la gueule. Ce n’est pas ce que l’on souhaite à M. Abdelkefi, qui se voit calife à la place du calife.
Y. N.
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