Hatem Mliki, député Qalb Tounes, propose d’offrir 60 plats de macaronis aux nécessiteux, en signe de pénitence, pour avoir juré lors de la campagne électorale de ne jamais s’allier avec le parti islamiste Ennahdha, avant de finir, avant-hier, mercredi 13 novembre 2019, par voter en faveur du chef islamiste Rached Ghannouchi pour la présidence de l’Assemblée.
Par Yüsra Nemplaghi
Depuis, Qalb Tounes fait l’objet de vives critiques, essentiellement par ceux qui lui ont donné leurs voix et qui ne s’expliquent pas une telle trahison, comme l’ont qualifiée notamment l’avocat Imed Ben Hlima, qui avait soutenu ce parti, ou encore l’écrivain Abdelaziz Belkhodja, qui a annoncé mercredi, sa démission de Qalb Tounes, en présentant de plates excuses à ceux qu’il a induits en erreur.
Interrogé aujourd’hui, sur Mosaïque FM, sur le fait d’avoir juré, lui et Nabil Karoui, le président de Qalb Tounes, que ce parti ne s’alliera jamais avec Ennahdha, Hatem Mliki n’a rien trouvé de mieux à répondre que d’adopter une attitude cynique, moqueuse et effrontée, en répondant aux électeurs déçus et qui se sentent abusés : «Dieu est miséricorde et s’il le faut, on offrira 60 plats de pâtes en guise de pénitence»…
Hatem Mliki provoque les électeurs de Qalb Tounes
Ce n’est pas drôle, c’est même très mal élevé, d’autant que le député, poursuivant dans ce qui ressemble à des provocations envers les électeurs Qalb Tounes, a assuré, que les élus de son parti voteront en faveur du gouvernement Ennahdha, arguant que Qalb Tounes s’inscrit dans une démarche constructive pour la stabilité du pays, dit-il.
Hatem Mliki a ajouté que son parti a voté pour cheikh Ghannouchi pour garantir, en contrepartie, l’élection de sa députée Samira Chaouachi en tant que vice-présidente de l’Assemblée. Maigre butin, trop maigre, pour justifier une si grave trahison des électeurs.
Le deal Karoui-Ghannouchi sur le dos des électeurs de Qalb Tounes
Cet argument, qui prête à sourire, beaucoup des électeurs de Qalb Tounes le réfutent, en estimant, à tort ou à raison, que le vrai deal est ailleurs : les voix des députés Qalb Tounes, contre la remise dans les tiroirs des dossiers judiciaires de Nabil Karoui, qui est poursuivi dans des affaires d’évasion fiscale, de corruption financière et de blanchiment d’argent.
Rappelons à ceux qui l’ont déjà oublié que Nabil Karoui avait été arrêté, le 23 août dernier, puis remis en liberté provisoire par la cour de cassation, au cours de sa campagne électorale du 2e tour de la présidentielle.
L’affaire est cependant censée être toujours en cours, Karoui n’ayant pas été acquitté officiellement et les poursuites non encore levées par la justice. Le agnat de télévision est officiellement interdit de voyage et ses biens et avoirs gelés. A moins que l’affaire est déjà perdue dans les méandres d’une justice dont beaucoup de Tunisiens ont de bonnes raisons de mettre en question l’indépendance. Beaucoup pensent même qu’elle est sous la coupe d’Ennahdha qui l’utilise à des fins politiques…
Ceci explique-t-il cela ? Espérons que non, pour ne pas désespérer totalement de ce pays.
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