Non content d’avoir contribué activement (et avec quelle panache !) à la destruction de Nidaa Tounes, parti créé par Béji Caïd Essebsi en 2012 et qui remporta haut la main la présidentielle et les législatives de 2014, Ridha Belhaj, dont on ne compte plus les frasques et les casseroles, prête désormais ses services à Nabil Karoui, le sulfureux président du parti Qalb Tounes et patron de Nessma TV. Vidéo.
Par Imed Bahri
L’ancien directeur de cabinet du président de la république Béji Caïd Essebsi, passé, depuis la disparition de Nidaa Tounes dans les circonstances que l’on connaît, par trois ou quatre partis mort-nés, pour atterrir, finalement, dans un nébuleuse formation dénommée Al-Amal, regroupant une foule de losers et de has been, où il a été bombardé directeur exécutif, est, en effet, l’un des invités réguliers de la chaîne Nessma, et on sait pourquoi.
Un has been en service commandé
Les animateurs de cette chaîne pirate, car diffusant illégalement depuis 2014, n’étant pas autorisée par la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle (Haica), attendent de lui qu’il défende leur patron, incarcéré et poursuivi en justice pour évasion fiscale et blanchiment d’argent, entre autres joyeusetés, et, surtout, qu’il s’attaque au président de la république Kaïs Saïed, ce que l’avocat fait d’ailleurs avec beaucoup de zèle, n’hésitant pas à proférer des énormités, au risque de se rendre encore plus ridicule et de se faire détester davantage des Tunisiens.
Intervenant hier, mercredi 17 mars 2021, dans l’émission ‘‘Ness Nessma’’, M. Belhaj a remercié ses hôtes à sa manière et leur a renvoyé l’ascenseur en appelant «la classe politique et les organisations nationales, et notamment l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) et l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (Utica) à intervenir dans le dossier de Nabil Karoui pour faire lever l’injustice dont il est victime», ajoutant qu’«il était devenu évident que la présidence de la république est intervenue pour maintenir Nabil Karoui en prison».
Les fossoyeurs à l’assaut des institutions de l’Etat
Cette affirmation est pour le moins discutable, car elle présuppose que le Palais de Carthage, dont le «locataire», Kaïs Saïed, est un professeur de droit constitutionnel qui s’est toujours montré soucieux de faire respecter la constitution et l’indépendance de la justice, se permet d’intervenir dans le cours d’une affaire en cours d’instruction et qui avait éclaté bien avant les élections de 2019 qui l’ont porté à la magistrature suprême.
Faut-il rappeler, à ce propos, que M. Saïed, dont l’intégrité et la rectitude morales sont de notoriété publique, s’était bien gardé, il y a quelques mois, d’intervenir pour faire annuler la mutation de son épouse, Ichraf Chebil, magistrate de son état, du tribunal de Tunis à celui de Sfax, à 250 km de son lieu de résidence, laquelle mutation avait été décidée par le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) ?
En appelant l’UGTT et l’Utica à intervenir dans des affaires de justice en cours d’instruction, M. Belhaj prouve, s’il en est encore besoin, de quelle étoffe il est fait et l’idée qu’il se fait de l’Etat et de ses institutions. Et, du coup, on comprend comment la présidence de feu Béji Caïd Essebsi, dont il était l’un des principaux acteurs, a été lamentablement gâchée et comment le parti Nidaa Tounes, dont il était l’un des fondateurs, a disparu aussi rapidement qu’il est apparu sur la scène nationale.
«La plus belle femme du monde ne peut donner plus qu’elle a», disait Nicolas Chamfort, dans ses ‘‘Maximes et pensées’’.
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