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Tunisie : magouilleurs professionnels, coqs de villages et faux politiciens

Ouf, Ouf , on respire, la basse-cour décrite par Gustave Flaubert dans Madame Bovary, allusion au personnel politique de la IIIe République, n’a plus rien à dire depuis ce 25 juillet 2021. Une respiration médiatique sans précédent. Vous pouvez aller à la plage…

Par Helal Jelali *

Fini l’ours aux yeux clairs qui avait brûlé son amitié avec Hafedh Caïd Essebsi pour rejoindre l’universitaire Youssef Chahed. Il était de tous les plateaux à 18h et dans les restaurants de Gammarth à 20h. On ne le voit plus et la Tunisie ne peut qu’aller mieux.

L’autre renard avec sa Porsche, pas un mot depuis trois semaines. Il devrait être au Luxembourg ou en Sardaigne, lieu de villégiature de Berlusconi. La politique est un abîme pour les novices. L’exhibitionnisme caritatif était la honte de ce pays. Aucune élégance. Je parle de l’élégance du cœur.

L’ancien ministre nahdhaoui de la santé a choisi d’être en campagne électorale permanente. Il a un avis sur tout. Il est tenté par le grand écart entre Montplaisir et Carthage. Sa meilleure perle : «Le remède de la crise est politique» Sans commentaire.

Il faudrait que je vous parle d’un loup. Riche héritier et excellent homme d’affaires, passé de Qalb Tounes à Afek Tounes – le pauvre cœur de notre Tunisie ! -. Celui-là, j’ai envie de lui donner un seul conseil : «Faites ce que vous savez faire le mieux : banques, bourses, leasing… Mais la politique reste une vocation et nullement une prédation.»

Et celui qui avait traité les manifestants du 25 Juillet de «criminels». Savez-vous qu’elle est sa chanson préférée : «Avec le temps» de Léo Ferré. Un islamiste pur et dur qui écoute la chanson d’un anarchiste. Une information bien vérifiée. «Avec le temps… Le cœur, quand ça bat plus, c’est pas la peine d’aller chercher plus loin, faut laisser faire et c’est très bien…»

Pour les jours qui viennent, ce serait mieux qu’il change de chanson avec Juliette Greco : «Il n’y a plus d’après, après St Germain des Prés».

Il n’y a plus d’infos et de débats sur Nessma. Quelle idée géniale. En plus, ils n’ont plus de nouvelles du patron . Vive l’auto-gestion du socialisme libertaire.

Quand je cherche à m’informer, j’écoute les grands leaders de ces deux  partis: Echaab et Attayar. Ils parlent au nom du président de la république, de l’UGTT, des Palestiniens, du peuple et des  classes défavorisées… L’ emblème d’Attayar est une bicyclette. A mon  avis, il l’ont choisi parce que la bicyclette est comme la révolution : «Quand elle n’avance pas, elle tombe», dixit Che Guevara, mon bon ami…

Nous sommes bien tranquille sans l’enfumage de certains politologues. La mission essentielle d’un politologue est de ne jamais fâcher aucune partie. De peur d’un retour de bâton. Ces gens-là n’insultent jamais l’avenir. Vous pouvez le reconnaître facilement, ils bougent les doigts comme une pâtissière et ils portent des cravates multicolores des années 1970. Ils sont «Disco»… quoi… Pour cacher les rides, ils se laissent pousser une petite barbe.

Et puis, il y a le militant du jour, souvent sponsorisé, il parle vrai mais dans une Tunisie virtuelle. Observez bien SVP, son costume est souvent très, très large avec les manches qui tombent sur les mains comme une jebba.

Il y a aussi les petites-frappes de l’ARP. mais quelle pitié. Ils sont victimisées. Ils ne font plus la Une des journaux. Heureusement, il leur reste Facebook. En ce moment, ils tournent une nouvelle version du «Fugitif».

La Jeanne d’Arc du PDL n’a plus de pain au chocolat : les islamistes et leurs condottieri sont aux abois. Du coup, elle est embarrassée, incertaine, indécise. Elle semble perdue. Madame, en politique, il existe une seule fatalité: c’est l’imprévu. Je vous conseille une lecture de plage : «La nostalgie n’est plus ce qu’elle était» de Simone Signoret.

Enfin, nous avons le grand chambellan du syndicat, il s’agite tout le temps, partisan du dialogue national, recevant les partis politiques, spécialiste des formules péremptoires, se faisant passer presque pour le président-bis de la république, il doit trouver son siège bien inconfortable par les temps qui courent. Chaque fois que le téléphone sonne dans son bureau, il espère que c’est Carthage qui appelle… Mais non, arrêtons de rêver !

Je n’oublie pas le gendre, par un jour sans une déclaration tonitruante depuis une année. Peut-être caresse-t-il le rêve de remplacer le beau-père. En politique , on dit : «Que Dieu me garde de mes amis – et de mon gendre –, mes ennemis, je m’en occupe».

Le gendre est-il capable de lire dans les étoiles. Voilà ce qu’il a comme ambition politique : «Un but noble dans la vie, qui permet de transcender les ambitions individuelles et l’attrait des postes et des positions». Mais quelle chance, nous avons un Aristote parmi nous…

Chers lecteurs, je vous souhaite une belle rentrée en septembre sans une déclaration de Yadh Elloumi. Enfin, prions Dieu pour que ce soit ainsi, car avec celui-là, on n’est jamais sûr de rien.

* Ancien journaliste tunisien basé à Paris.

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