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Atic et les freins au capital investissement en Tunisie

Atic-Karim-Ghenim

Les capital investissement voudrait jouer un rôle plus important dans la création de projets et d’emplois. Mais il est encore freiné par la législation tunisienne.

Par Wajdi Msaed

L’organisation de la 2e conférence annuelle du capital investissement, qui se tiendra jeudi prochain, 31 mars courant sous le thème : «Le capital investissement : moteur du développement économique et social et levier d’internationalisation des entreprises», a constitué le chapitre principal du point de presse, tenu mercredi 23 mars, par l’Association tunisienne des investisseurs en capital (Atic).

Soutenir et accompagner

C’est Akram Majaji, délégué général de l’Atic, qui a ouvert la séance en procédant à une présentation sommaire (instances, membres, mission, objectifs…) de cette association dont la création remonte à 2004 et qui regroupe les principales structures du capital investissement dans le pays : Sicar, sociétés de gestion de FCPR et de fonds d’amorçage, fonds de capital investissement…

L’Atic compte 41 membres actifs investisseurs en capital et 6 membres associés représentant tous les métiers qui accompagnent et conseillent les investisseurs et les entrepreneurs dans le montage et la gestion des transactions, a souligné Akram Majaji. «Notre mission consiste à accorder la participation financière en actions dans le capital des sociétés non cotées en bourse allant de la start-up jusqu’au grand groupe de sociétés», précise pour sa part Karim Ghenim, président de l’Atic. De ce fait, ajoute-t-il, «le capital investissement constitue une source de capitaux stables à valeur ajoutée qui répond aussi bien aux besoins les start-up et des PMEs tunisiennes qu’à l’amélioration de la gouvernance et de la transparence».

L’effort fourni en 2015 a permis de réaliser une enveloppe de 207 millions de dinars (MD) au profit de 189 projets au stade de création ou en phase de développement dont 50 % dans les zones de développement régional. «On essaie au plus proche pour participer à la création de la valeur et à la réussite de ces projets qui ont généré pas moins de 5.000 emplois», a souligné Karim Ghenim.

Quant à Mohamed Salah Frad, membre du conseil de l’Atic, il a estimé que, «malgré la difficulté du contexte économique et du climat des affaires et de l’investissement vécu par la Tunisie depuis 2011, l’activité du capital investissement a continué à jouer pleinement son rôle dans le financement des entreprises et des start-up, le développement économique des régions et la création de nouveaux emplois.»

En effet, l’Atic, qui est un investisseur à moyen et long termes, «loin de toute considération de spéculation», joue le rôle de catalyseur en matière d’investissement, en ce sens que le volume des fonds investis ne dépasse pas les 10 à 20% de l’enveloppe globale consentie par les entreprises concernées, et «ces montants auraient pu être doublés s’il n’y avait pas d’obstacles administratifs», regrette M. Frad.

Créateurs d’emploi

«Nous sommes des créateurs d’emplois dans un pays qui en a vivement besoin mais l’encouragement de l’Etat n’est pas à la hauteur de nos ambitions», souligne encore Karim Ghenim, qui estime que le projet de nouveau code d’investissement «n’est pas compatible avec la réalité du pays». Il déplore aussi l’absence totale de son association dans l’élaboration de ce texte, dont le contenu reflète une certaine ignorance de la réalité du terrain, faisant savoir, dans ce contexte, que les avantages fiscaux ne représentent rien devant la politique volontariste adoptée par beaucoup d’autres pays, qui prennent en charge jusqu’à 75% du volume de l’investissement

«Nous aspirons à des lois révolutionnaires qui encouragent l’innovation surtout que les projets innovants bénéficient de la priorité dans nos choix», renchérit le président de l’Atic, qui regrette que le nouveau texte ne fasse allusion dans aucun de ses articles à la notion d’innovation.

«Pourtant le nouveau modèle de développement que nous prônons ne peut être réalisé qu’à travers les nouvelles technologies et les technique d’information», souligne M. Frad, pour appuyer la thèse de son collègue.

Une critique constructive

Répondant à une question relative au rôle de force de frappe que peut jouer l’association et au sort des recommandations de la 1ère conférence organisée l’année dernière, Karim Ghenim a précisé que «l’Atic est une association apolitique alors que le paysage politico-économique est dominé par les partis politiques. De notre part, on ne peut que tirer la sonnette d’alarme et présenter les critiques constructives». «Somme toute, s’est-il empressé d’ajouter, un résultat positif et concret a été réalisé lorsque nous avons agi au niveau de la loi des finances de 2015 pour permettre au capital investissement de financer la restructuration de quelques entreprises».

Parlant du programme de la 2e conférence, qui enregistrera la participation de 400 experts dont ceux venant des Etats Unis d’Amérique, de la France et de l’Ile Maurice, Akram Majaji a souligné que les travaux seront axés autour d’un thème principal et de 3 sous-thèmes, à savoir le capital financement en tant que : 1- facteur de développement économique, d’impact social et de création de valeurs ; 2- levier d’internationalisation des entreprises ; 3- moyen de l’innovation et de l’économie numérique.

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