Olfa Fekih lance un festival international de la photographie et des arts graphiques dénommé #Kerkennah01, qui se tiendra dans cette archipel situé au large de Sfax (littoral sud-est de la Tunisie) du 21 au 27 juin 2018.
Par Hamma Hanachi
Kerkennah, c’est un archipel sans infrastructures, délaissé, oublié par les décideurs politiques. Episodiquement, on entend parler d’un projet économique dans la région, laquelle dispose, insiste-t-on, à chaque occasion, d’un potentiel naturel unique, propice au développement d’un modèle inédit, un pôle de tourisme alternatif ou écologique.
Et l’offre culturelle? Il n’en existe aucune, est – on tenté de répondre avec désolation.
Potentiel, ambition et originalité
Partant de ce constat, Olfa Fekih, architecte de formation, co-fondatrice de la Maison de l’image à Mutuelle-Ville et de la plateforme Shutter Party, initiatrice de plusieurs projets en Tunisie et à l’étranger, curatrice et commissaire d’expositions, elle a dirigé en 2015 la Biennale d’art contemporain Something Else au Caire avec Simon Njami, jury de plusieurs festivals photographiques internationaux; bref, c’est une femme de tête qui a fait de l’image un destin.
Cette fois-ci, elle s’est attelée à organiser le Festival international de la photographie et d’arts visuels à Kerkennah.
Le projet de Festival dénommé #Kerkennah01, qu’elle dirige avec son équipe, ne manque ni d’ambition ni de pertinence.
Depuis 3 ans, elle est à la manœuvre pour concrétiser ce fameux «chantier», qu’elle a récemment ficelé. L’occasion pour elle de le présenter aux médias.
«Notre ambition est de créer des infrastructures pérennes pour la population locale tout en sensibilisant l’opinion publiques et la classe politique au potentiel culturel, éducatif, touristique et économique de la manifestation», affirment les organisateurs.
Impliquer les habitants de l’île
# Kerkennah01 se déroule du 21 au 27 juin 2018, l’archipel sera accessible par un passeport et une carte d’embarquement symboliques. «Pourquoi instituer des frontières, fussent-elles symboliques dans un festival culturel?», s’interroge un intervenant lors de la rencontre.
Le Festival se veut non seulement artistique, mais «social et politique». Après réflexion, cinq chapitres ont apparus: «trace, île, mobilité, futur et labeur», qui ont débouché sur un programme étoffé qui comprend des résidences curatoriales dirigées par des notoriétés de renom en la matière (John Fleetwood, Jeanne Mercier, Missla Libseka, Valentine Busquet et Hajer Chelbi); cinq expositions : «Of traps and tropes» de Simon Gust; Mathew Adam Key et Hela Ammar; «Occupy the desert» de Bruno Hadjih, Philippe Chancel, Nicolas Moulin et le collectif 220 (Algérie); «On the Betweenness» de Pierrot Men et Francis Nii Obodaï Provençal; «Fata Morgana» de Mustapha Azerouel, Mathieu Merlet-Briand, Federica Landi, Louis Cyprien Rials et Badr El Hammami; et «Ré-création» de Mathieu Le Sourd, Isil Kurmus Alexandrov et Khalil Ben Abdallah. Que des grosses pointures !
Autour de ces événements phares, le Festival propose du 22 au 26 juin, en collaboration avec le Goethe Institut, un programme éducatif pour créer un réseau professionnel liant le local à l’international, sous le titre «If you dont know, you kant understand», l’agence photo allemande Ostkreuz (Berlin), organise trois jours de workshop pour une monter exposition de 24 heures.
Deux films documentaires ‘‘Prison images’’ et ‘‘Still Life’’ de Harun Farocki seront présentés.
Olfa Fekih et son équipe.
Rencontres entre artistes et public local
La médiation culturelle est au cœur du programme; dirigé par Ashraf Ben Abizid, 15 étudiants tunisiens et 15 étudiants français collaboreront à cette session. La galerie Ghaya (Sidi Bou Saïd), qui surfe sur la vague de l’art contemporain, organise à cette occasion une exposition «Lieux de nulle part» montrant les œuvres des artistes maison, Zied Ben Romdhane, Walid Ben Ghezala, Augustin Le Gall, Hichem Driss, Sofia Baraket, Fakhri El Ghazal et Haythem Zakaria.
Les spectacles se succèdent dans le off, une nuit des courts-métrages et des concerts sont au menu, des rencontres entre artistes et public local.
Un festival de plus? A la lumière des intentions et de la passion affichées et au vu des sponsors impliqués, #Kerkennah 01 est une vision distincte, originale qui associe l’art à la vie dans un environnement typé.
La manifestation est appelée à s’imposer comme un événement majeur sur la scène artistique internationale. On prend rendez-vous.
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