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Covid-19 : Le vaccin à dose unique qui cristallise tous les espoirs

Alors que le monde connaît une recrudescence de la pandémie de la Covid-19, une bonne nouvelle est parvenue des États-Unis. Un nouveau vaccin vient de franchir les dernières étapes de la recherche clinique. Il s’agit du JNJ-78436725 à dose unique, développé par le géant pharmaceutique Johnson & Johnson (J&J) avec l’appui financier du gouvernement américain. Le vaccin s’est montré efficace à hauteur de 66% contre le coronavirus.

Par Dr Taha Abdelkader Allouche *

Contrairement aux remèdes de Pfizer et Moderna, qui utilisent la technique innovante de l’ARN messager, celui de « J&J » est un vaccin à «vecteur viral non réplicatif», appartenant donc à la même famille d’AstraZeneca et du russe Spoutnik V.

Un stratagème à la hauteur de l’enjeu

Fonctionnant en mode cheval de Troie, ces vaccins utilisent comme support un autre virus peu virulent, transformé pour y insérer un fragment de l’ARN du SARS-CoV-2 responsable de la Covid-19. Le virus modifié pénètre dans les cellules des personnes vaccinées, qui fabriquent alors une protéine typique du coronavirus, connue sous le nom de protéine S « Spike », éduquant leur système immunitaire à le reconnaître.

Par ailleurs, l’entreprise pharmaceutique américaine, maison-mère du laboratoire belge Janssen (Janssen Pharmaceuticals) a fait appel dans son processus à un adénovirus de type 26 en tant que vecteur (moins fréquent dans la population humaine) et elle l’a conçu de manière qu’il ne puisse pas se répliquer dans l’organisme. Ce vecteur suscite une réaction inflammatoire, accentuant l’efficacité du vaccin et permettant d’éviter l’utilisation d’adjuvant.

Les adénovirus forment une famille de virus très vaste, infectant l’humain et d’autres espèces animales. Ils causent des rhumes bénins et, pratiquement, toute la population y a été exposée. Leur génome est connu depuis de nombreuses années (surtout celui de l’adénovirus de type 5 ou Ad5) et est facile à manipuler. C’est pourquoi ils sont utilisés comme outils de recherche, notamment en thérapie génique et thérapie anti-cancer, depuis plus de 30 ans.

Efficacité en demi-teinte vis-à-vis du bémol Sud-africain

Dès le départ, Janssen avait emprunté une voie à part. Là où tous ses concurrents estimaient avoir besoin de deux injections pour assurer une immunité forte et durable, J&J faisait le pari d’une injection unique.

Pari gagné du moins d’après les résultats préliminaires de la phase III de l’étude effectuée dans huit pays et auprès d’environ 44.000 participants. Dans l’ensemble et à partir du 28e jour suivant l’injection, le vaccin est efficace à 66%, le produit est loin donc des impressionnants 95% des deux vaccins à ARN messager de Pfizer et Moderna, mais largement au-dessus des 52% réclamés par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Par zone, cette efficacité s’est établie à 72% aux États-Unis, à 66% en Amérique latine et seulement à 57% en Afrique du Sud, pays où un variant B.1.351 du coronavirus davantage contagieux est devenu majoritaire.

Cette chute de performance, constatée chez la nation arc-en-ciel après celle du Novavax, constitue une deuxième preuve expérimentaleque les vaccins contre la Covid-19 pourraient être moins efficaces contre certaines nouvelles souches du virus. C’est une source d’inquiétude majeure quant à l’efficacité précise des vaccins déjà sur le marché contre ce variant, à l’instar de Pfizer et Moderna.

Néanmoins les promoteurs du laboratoire américain font avancer deux autres arguments : leur vaccin s’est avéré efficace à 85% dans toutes les régions pour prévenir les formes les plus graves de la maladie et même de 100% pour éviter les hospitalisations et les décès.

Bien que la société n’ait pas encore fourni les informations détaillées sur les effets secondaires, l’équipe de chercheurs dirigée par le virologue Dr Dan Barouch a dessiné un tableau rassurant, affirment n’avoir relevé aucun effet indésirable notable.

Solutionpour une vaccination rapide

Fort de ces résultats, le laboratoire a déposé cette semaine une demande d’autorisation d’utilisation d’urgence auprès de la Food & Drug Administration et de l’Agence européenne des médicaments.

À l’échelle mondiale, J&J promet 1 milliard de doses en 2021. En effet, la firme s’est engagée à acheminer 100 millions de doses aux Etats-Unis avant la fin du mois de juin avec des options d’achat pour 200 millions de doses supplémentaires, environ 200 millions de doses à l’Union européenne, jusqu’à 38 millions de doses au Canada et près de 200 millions de doses aux pays en voie de développement. D’ailleurs, le pionnier des Big Pharma a promis de ne pas vendre ses doses à profit pendant la pandémie (Prixunitaire de 8.34$)

Grâce à l’avantage non négligeable d’être administré en unidose et de pouvoir être stocké dans de simples réfrigérateurs pendant trois mois, ce vaccin est beaucoup plus facile à transporter, à entreposer et à le distribuer, offrant une solution simple et pratique pour les pays en voie de développement. Le géant pharmaceutique semble trouver la formule idéale pour une vaccination massive et rapide.

Dans un marché de vaccins international à la fois marqué par la pénurie des doses et les retards de livraison des quantités déjà engagées, à cause de la saturation des capacités de fabrication, l’arrivée de J&J est d’une grande importance. Laisser encore le virus circuler largement sur la planète se traduirait par l’émergence possible de variants inédits, éventuellement plus problématiques encore que ceux contre lesquels les vaccins actuels semblent valides.

Tout compte fait, l’addition potentielle de ce nouveau vaccin à notre arsenal de défense face au coronavirus aura certainement un impact crucial pour mettre un terme à cette crise mondiale.

* Médecin et activiste politique.

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