Les politiciens tunisiens ne savent pas soigner leur sortie

Après la mascarade des législatives marquée par un taux d’abstention record de 92%, un camouflet pour le président de la république Kaïs Saïed et son projet politique personnel, des voix s’élèvent pour appeler à un changement du gouvernement, pour détourner l’attention sur les vrais problèmes du pays, qui sont ailleurs. A mauvais diagnostic, mauvaise solution…

Par Elyes Kasri *

Un énième gouvernement (on en a eu treize depuis 2011 avec les résultats que l’on sait) ou une autre échéance politique n’apporteront pas la solution aux problèmes qui menacent la stabilité et même la souveraineté de la Tunisie.

Il faut arrêter de rejeter sur les autres ses propres insuffisances et erreurs et s’entêter à chercher des échappatoires en blâmant les autres et en désignant des boucs émissaires.

Cessons de croire qu’un énième gouvernement ou la prochaine échéance politique sera la solution des problèmes qui menacent la stabilité et même la souveraineté de la Tunisie.

La Tunisie au bord de l’abîme

Depuis 2011, une série interminable de mauvais choix politiques a dangereusement rapproché la Tunisie de l’abîme ou peut-être même du cratère du volcan.

Le degré d’engagement personnel et la responsabilité de Kaïs Saïed sont incontestables dans la mise en place du calendrier politique qui a connu une désaffection populaire croissante jusqu’à atteindre un record mondial d’abstention, même après la «rectification» des résultats préliminaires du premier tour des dernières élections législatives.

Dans les démocraties qui se respectent, en cas d’échec ou de désaveu, le responsable administratif ou politique tire honorablement sa révérence sans se faire prier.

Il n’y a qu’en Tunisie que l’on persiste dans l’échec jusqu’à en faire un motif de fierté.

Partir sans faire de bruit

Dans l’une de ses inoubliables chansons, Charles Aznavour disait:

«Il faut savoir quitter la table,

Lorsque l’amour est desservi

Sans s’accrocher l’air pitoyable

Mais partir sans faire de bruit…».

Aznavour finit toutefois par avouer son manque d’amour propre et de dignité en disant: «Il faut savoir, mais moi, je ne sais pas…».

* Ancien ambassadeur.

Donnez votre avis

Votre adresse email ne sera pas publique.