La Tunisie doit déclarer l’état d’urgence de l’eau

Le gouvernement tunisien doit déclarer l’état d’urgence de l’eau, a appelé Hamadi Boubakri, membre du bureau exécutif de l’Union tunisienne de l’agriculture et de la pêche (Utap), en charge des ressources en eau et du développement durable. (Illustration : barrage Sidi El-Barrak).

Le taux de remplissage des barrages ne dépasse pas 30% de leur capacité, a-t-il déploré, lors d’une conférence nationale sur le changement climatique, les ressources en eau et la sécurité alimentaire tenue au siège de l’organisation agricole, mercredi 15 mars 2023, soulignant que le stress hydrique a fortement impacté les grandes cultures et le fourrage.

Selon lui, 50% des surfaces ensemencées ont été perdues faute de précipitations.

Le responsable a déclaré que le gouvernement prévoyait de dessaler 650 millions de m3 d’eau de mer et de recycler plus de 350 millions de m3 d’eaux usées pour les utiliser dans le secteur agricole.

Accélérer la création d’usines de dessalement d’eau de mer

A cet égard, il a souligné la nécessité d’accélérer la création d’usines de dessalement d’eau de mer afin d’alléger la pression sur les ressources hydrauliques conventionnelles et les eaux souterraines et de rediriger l’eau potable vers l’irrigation. L’objectif est de garantir la sécurité alimentaire et la souveraineté nationale.

Il a également indiqué que les réseaux de distribution vétustes sont responsables de la perte de près de 50% de l’eau d’irrigation dans plusieurs régions et de 30% de l’eau potable.

Le déficit pluviométrique, qui a atteint plus de 50% durant la période de septembre 2022 à mi-mars 2023, a entraîné un déficit de plus d’un milliard de m3 en matière d’approvisionnement des barrages, a indiqué Hamadi Habaieb, directeur général de l’Aménagement et de l’eau au ministère de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche.

Les réserves d’eau disponibles dans les barrages (37 barrages au total) ont diminué de 390 millions de m3 par rapport à la même période en 2022, a-t-il déclaré lors d’une conférence nationale sur le changement climatique et les ressources en eau tenue au siège de l’Utap.

Le responsable a évoqué l’impact du déficit pluviométrique sur le système hydraulique de Sidi Salem dans l’extrême nord, qui comprend plus de 18 barrages, alimente en eau d’irrigation 7 gouvernorats (Béja, Bizerte, Grand Tunis et Nabeul) et alimente en eau potable les gouvernorats. du Grand Tunis, Nabeul, Sousse et Sfax.

Le barrage de Sidi-Salem (Testour-Beja), le plus grand de Tunisie (avec une capacité de 580 millions de m3), n’est actuellement rempli qu’à 16%, a-t-il précisé, soulignant la situation critique de ce barrage, durement touché par le changement climatique.

Pour des coupures nocturnes d’eau potable

Ainsi, le ministère de l’Agriculture pourrait procéder à des coupures nocturnes d’eau potable dans certains gouvernorats durant l’été, dans le cadre de la stratégie de rationalisation de l’utilisation des ressources en eau, a-t-il précisé.

«Le ministère s’emploie actuellement à fournir de l’eau potable et d’irrigation à partir des barrages de Sidi Barrak et de Sejnane. Quelque 850 000 m3 sont transférés quotidiennement du système d’eau du nord pour assurer la disponibilité de l’eau potable», a-t-il déclaré, ajoutant que «le ministère donne la priorité à l’eau potable, puis aux grandes cultures et à l’irrigation des arbres fruitiers.»

Commentant une proposition faite par l’Utap concernant l’utilisation de la technique de dessalement de l’eau de mer pour couvrir les besoins d’irrigation, Habaieb a indiqué que cette technique est encore coûteuse (3 dinars/m3), ce qui explique le choix fait par l’Etat de diriger l’eau des usines de dessalement (celle de Djerba et les 3 autres en construction à Gabès, Sfax et Sousse) aux besoins en eau potable. Habaieb a également fait état de l’orientation retenue vers l’intensification de l’utilisation des eaux traitées dans l’irrigation des grandes cultures compte tenu de la rareté des ressources en eau, sachant que l’utilisation de ces eaux par le secteur agricole ne dépasse pas actuellement 8%.

D’après Tap.

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