Tunisie : pourquoi le tourisme saharien ne démarre-t-il pas ?

Cela fait des décennies qu’en Tunisie, on parle du développement du tourisme saharien. On a construit des hôtels, dont plusieurs sont fermés; l’aéroport de Tozeur-Nefta est quasiment délaissé, à l’instar de celui de Tabarka au nord; et les responsables du gouvernement continuent de s’agiter et de broyer du vent en faisant semblant de vouloir faire bouger les choses.

Par Imed Bahri

L’actuel ministre du Tourisme et de l’Artisanat est peut-être le quinzième du nombre à se rendre dans les régions du sud pour dit-on étudier les moyens d’y impulser l’activité touristique, sans parvenir à faire bouger quoi que ce soit de palpable ou de perceptible. On ne gère pas, on ne décide pas, on ne gouverne pas… Bref, on se donne bonne conscience à bon compte en donnant l’impression de travailler.  

Mohamed Moez Belhassine s’est rendu hier, samedi 28 octobre 2023, pour, nous explique l’agence Tap, «passer en revue les mesures prises lors des séances de travail ministérielles tenues en juin et juillet», et qui visaient «de renforcer le secteur de l’artisanat et de créer une organisation de gestion de destination (OGD) dédiée à la promotion du tourisme au Sahara.»

Belhassine a, par la même occasion, présidé le conseil local du tourisme à Tataouine et souligné, nous dit encore la Tap, que «cet organisme supervisera la restructuration et la promotion de cette industrie à travers un partenariat public-privé.» Mais pas seulement; ledit conseil local, tout comme le ministre, va continuer à broyer du vent jusqu’à la prochaine réunion, d’autant que ce qui lui est demandé est très vague et peu concret : «encourager davantage d’investissements dans le secteur, tout en œuvrant à la révision du cadre réglementaire.» Comment? Avec quelles prérogatives précises et avec quels moyens? Mystère et boule de gomme !

En fait, à ces ronds de cuir, on ne demande rien du tout. Ils vont continuer de percevoir leurs salaires, leurs bons d’essences, leurs frais de missions, etc. Les plus malins se feront un complément de salaire en allant «terroriser» les petits opérateurs et bloquer leurs petits business par les procédures administratives aussi fastidieuses qu’inutiles.

Et le ministre pourrait continuer à pérorer du haut des tribunes : «Nous nous engageons à établir un tourisme responsable et durable au Sahara», a déclaré M. Belhassine, cité par la Tap, tout en soulignant la nécessité d’une plus grande coordination entre les différents acteurs impliqués dans la mise en œuvre des projets.

Toujours selon la Tap, les participants à la réunion ont souligné, de leur côté, les défis qui entravent le tourisme dans la région, notamment la complexité des procédures et la capacité très limitée de l’hébergement touristique, qui ne dépasse pas 600 lits.

Ah bon ? Et c’est avec ça que l’on s’échine, qui plus est depuis les années 1990, à vouloir développer le tourisme saharien sans y parvenir vraiment plus de trente ans après ?

Les participants ont également réclamé une augmentation des ressources allouées par le ministère aux communes touristiques pour leur permettre de remplir leur rôle de promotion du tourisme. Et à cette occasion, le ministre a visité deux nouvelles installations : la première à Ksar Ouled Dabbab (à environ 10 km au sud de Tataouine) et la seconde à Ksar Haddada (à environ 5 km de Ghomrassen), peut-être réalisées grâce à une aide étrangère. Mais cela on se gardera de le signaler. On fait comme si… Comme toujours… Alors que le pays fout le camp de partout, s’enfonce dans la crise économique et croule sous la dette.

C’est à croire qu’on est condamnés à être gouvernés par les incapables et les médiocres. Et qu’on me pardonne ce coup de gueule matinal. J’aurais peut-être mieux fait de regarder à la télévision le bombardement israélien de l’enclave de Gaza… pour m’occuper, à l’instar des 12 millions d’autres Tunisiens !

Donnez votre avis

Votre adresse email ne sera pas publique.