Le poème du dimanche : ‘‘Gaza’’ de Tahar Bekri

Né en 1951 à Gabès, en Tunisie et résident à Paris, Tahar Bekri écrit en français et en arabe. A publié une trentaine d’ouvrages (poésie, essais, livres d’art).

Son œuvre poétique, publiée depuis 1983, est traduite dans de nombreuses langues, et fait l’objet de travaux universitaires et de créations artistiques.

Dans ce poème inédit, il crie son désarroi face au génocide des Palestiniens perpétré par Israël à Gaza devant l’inertie complice des grands pays occidentaux.

Comment se taire

Œil dans la cécité des armes

Comment ne pas te voir

Oreille dans la surdité des haines

Comment te pardonner

Visage tous ces cris toutes ces larmes

Ils se ruaient sur des vivres

pour survivre

ils furent abattus comme des oiseaux

sans ailes

Ils voulaient échapper à la faim

au siège aux raids à la disparition

Ils furent noyés dans un bain de sang

Ils voulaient courir après l’illusion

Ils tombèrent sous les balles de la soldatesque

les tirs à profusion

Ils voulaient voir le jour

ils furent couverts par la Nuit des ombres

lâches

Ils couraient après un sac de farine

Ils furent fauchés comme des épis

Ils étaient debout par dizaines

ils furent réduits en poussière

Qui te souille PAIX

Qui te déchire comme un torchon

Qui te réduit en corps inertes

Qui t’enterre sous les bannières

Qui t’endeuille parmi les pierres

irriguées de l’âme des innocents

Qui te piétine dans la boue sans pluie

Pendant que le monde regarde !

(c) Tahar Bekri

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