Ahmed Souab écrit de sa prison | «J’ai été, je suis et je resterai une voix libre»

Nous reproduisons ci-dessous la lettre en date du 24 avril 2025, envoyée de l’intérieur de la prison de Mornaguia, par Me Ahmed Souab et diffusée sur les réseaux sociaux par l’un de ses avocats Me Sami Ben Ghazi.

«Ces mots que j’écris ne visent ni à susciter de la sympathie, ni à fuir mes responsabilités, ni à justifier une parole. Ceux qui me connaissent savent combien j’ai toujours été ferme dans mes positions et résolu dans mon attachement aux valeurs auxquelles j’ai consacré ma vie — et dont je paie aujourd’hui le prix par la perte de ma liberté.

Je décrivais, en connaissance de cause, l’état de la justice et les dérives qui l’ont affectée. Mais jamais je n’aurais imaginé que des appareils d’un État puissent se mettre en branle sous l’effet d’une campagne de diabolisation et de calomnie menée par une bande à peine capable d’aligner deux phrases, incapable de distinguer entre les outils de la rhétorique et ceux du labour, et qui ne sait faire la différence entre un discours descriptif direct et un discours recourant à la métaphore, à l’antithèse, à la suggestion ou à l’ironie…

Le pouvoir, qui s’est arrogé la liberté d’agir à sa guise sur tout, va-t-il aussi s’arroger le droit de choisir à notre place nos convictions, nos positions civilisationnelles, intellectuelles et politiques? A-t-il aussi le pouvoir de désigner ses terroristes à sa convenance?

Celui qui ne veut pas comprendre ne sera jamais convaincu, même par l’évidence. Celui qui veut exclure trouvera toujours des prétextes. Et celui qui est incapable de répondre par l’argument ne lui reste que l’attaque contre son auteur.

J’ai été, je suis et je resterai une voix libre, porteuse d’une opinion que j’exprime avec courage et responsabilité. On ne m’a jamais connu pour avoir appelé à la violence, ni pour l’avoir justifiée ou encouragée.

Toute ma gratitude à ceux qui ont dit une parole de vérité à mon sujet, et qui ont dénoncé l’injustice et la diffamation dont j’ai été victime.

Merci aux dizaines d’avocats courageux qui ont assisté à l’audience de mercredi et ont insisté sur le respect des droits de la défense. Merci à la section de Tunis de l’Ordre des avocats, merci à la grande organisation de Hached, l’Union générale tunisienne du travail, merci aux organisations de la société civile et à ce qu’il reste des fragments d’une presse libre. Merci aux supporters du club du cœur, le Stade Tunisien.

Vive la Tunisie».

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