Karima Kim, traductrice de la Muqaddima en coréen, distinguée à Tunis

«Beaucoup plus qu’un livre d’histoire, la Muqaddima est un projet intellectuel pour une compréhension globale de l’urbanisme, des dynamiques du pouvoir et des transformations sociétales», a déclaré Karima Kim, la Sud-coréenne traductrice en langue coréenne de l’ouvrage d’Ibn Khaldoun.

Karima Kim s’exprimait lors de sa distinction par le prix Ibn Khaldoun pour la promotion et la recherche dans les sciences humaines 2025, qui lui a été remis lors d’une cérémonie organisée mardi 27 mai 2025, au Centre des arts, de la culture et des lettres, à Ksar Saïd, à l’ouest de Tunis.

Ce prix est décerné par la Chaire Isesco «Ibn Khaldoun pour la culture et le patrimoine» de Ksar Saïd en partenariat avec l’association Med21.

Composé des historiens Abdelhamid Larguèche (président), Latifa Lakhdar et Faouzi Mahfoudh, le comité d’évaluation du prix Ibn Khaldoun pour la promotion et la recherche dans les sciences humaines 2025, a attribué deux autres prix au Franco-marocain Mehdi Ghouirate («Méditerranée») et au Tunisien Moncef M’halla («Pays d(accueil»).

Deux prix honorifiques ont été également décernés, à titre posthume, aux professeurs tunisiens Ahmed Abdessalem et Aboul-Kacem Mohamed Kerrou en présence des membres de leurs familles respectives.

Dans son intervention intitulée «La Muqaddima un pont entre les langues et les civilisations», la traductrice coréenne a estimé que «la pensée d’Ibn Khaldoun dépasse son cadre spacio-temporel. Elle propose des outils d’analyse qui demeurent utiles à notre époque».

«En Corée, Ibn Khaldoun est aujourd’hui considéré comme un penseur contemporain porteur d’une vision critique et d’un esprit ouvert sur l’autre», a enchaîné Karima Kim, ajoutant que la Tunisie, pays d’Ibn Khaldoun, est «un lieu de mémoire mais aussi de pensée vivante et d’innovation».

La Professeure coréenne est revenue sur les conditions ayant entouré la traduction de son ouvrage en coréen, entamée en 2005. Elle dit avoir été poussée par un sentiment de devoir envers le lecteur coréen en vue de transmettre cette vision si profonde chez Ibn Khaldoun auprès de ses compatriotes et dans leur langue.

Cette traduction inédite est le fruit d’un voyage intellectuel et culturel de plusieurs années qu’elle souhaite partager, tout en affirmant une expérience au-delà du cadre académique, qui converge vers un processus assez personnel et profond.

Professeure de littérature arabe à l’Université de Hong-Kong des études étrangères à Séoul, Karima Kim est spécialiste en maqâma et littérature arabe contemporaine de la diaspora.

La version coréenne de la «Muqaddima» a eu un large écho dans les milieux académiques et culturels en Corée du Sud. Sa parution a été largement médiatisée ce qui a créé un intérêt pour la civilisation islamique et la pensée arabe.

En 2020, cet ouvrage était parmi les œuvres lauréates du prestigieux Prix Sheikh Hamad pour la traduction et la compréhension international au Qatar.

D’après Tap.

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