Dans l’enceinte historique de Sidi Jelloul, fief de l’Association de la sauvegarde de la médina de Bizerte (ASMB), un débat riche et animé autour du commerce parallèle s’est tenu dimanche 27 juillet 2025 à l’initiative de l’association Travail et Développement, présidée par Amor Béjaoui, figure de proue du tissu associatif local.
Lotfi Sahli
Organisée en deux temps, la rencontre a réuni commerçants, anciens hauts responsables de l’administration publique, ainsi que des membres de la société civile, tous venus débattre des enjeux économiques et sociaux liés à ce phénomène en pleine expansion.
La première session, consacrée à un cadrage du sujet, a été présidée par Salaheddine Makhlouf, ancien secrétaire d’État à l’Artisanat, qui a apporté un éclairage institutionnel sur les causes profondes du commerce informel et ses répercussions sur le tissu économique national.
Le commerce parallèle, aussi appelé commerce informel, représente une part non négligeable de l’économie dans de nombreux pays, notamment en développement. Il présente certains avantages : il permet à des milliers de personnes en situation de précarité d’accéder à une source de revenu, de subvenir à leurs besoins quotidiens, et de proposer des biens à des prix souvent inférieurs à ceux du marché formel, ce qui séduit une large frange de consommateurs. Il constitue également une réponse à la lenteur administrative, à la rigidité fiscale ou au manque d’opportunités dans l’économie formelle.
Toutefois, ses inconvénients sont nombreux et préoccupants. Il prive l’État de recettes fiscales, nuit à la concurrence loyale, affaiblit les entreprises structurées, et favorise parfois la contrebande ou la circulation de produits de contrefaits de mauvaise qualité, voire dangereux.
Pour faire face à ce phénomène, une approche globale est nécessaire. Il ne suffit pas de réprimer : il faut aussi intégrer. Cela passe par la simplification des démarches de formalisation, l’octroi de microcrédits, la création de zones marchandes encadrées, et des campagnes de sensibilisation sur les bénéfices de l’intégration dans l’économie formelle. L’objectif est d’accompagner progressivement les acteurs du commerce parallèle vers une transition durable et bénéfique pour l’ensemble du tissu économique.
La deuxième session a été animée par Mohsen Ben Ali, ancien directeur régional du commerce, qui a mis en lumière, à l’issue des échanges, l’importance du rôle de la société civile et de l’Utica dans la lutte contre le commerce parallèle. Il a rappelé que ce fléau menace directement le commerce organisé et formel. En tant que représentant des commerçants, l’Utica est appelée à jouer un rôle moteur en proposant des solutions concrètes, en servant de relais entre les commerçants et l’État, et en contribuant à des politiques économiques plus inclusives. Elle peut notamment identifier les causes de l’informel, appuyer la régulation des marchés, et défendre les intérêts du secteur légal.
M. Ben Ali a aussi insisté sur la nécessité d’intégrer progressivement les acteurs informels via des mesures d’accompagnement, tout en sensibilisant les commerçants à l’importance de la transparence et du respect des règles du marché.
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